Paul J. Davies,

The Wall Street Journal

Gary Cohn, le directeur du Conseil économique de la Maison-Blanche, a adressé un message clair aux autorités financières mondiales : la coopération internationale est suspendue, pour ne pas dire enterrée. La concurrence internationale est de retour.

L'ancien cadre dirigeant de la banque d'affaires Goldman Sachs s'est engagé à revenir sur des pans importants de la réglementation financière mise en place après la crise aux Etats-Unis. Cette décision avantagerait les banques américaines, mais menacerait la santé du système bancaire international qui fut si difficile à rétablir.

Ces mesures amèneront certains investisseurs à espérer que d'autres régions, notamment l'Europe, allègent également leur réglementation. En effet, les autorités américaines avaient jusqu'à présent fait pression pour que les banques européennes renforcent leurs fonds propres en exigeant une modification des accords de Bâle sur la réglementation financière.

Un acccord sur la réforme de Bâle III s'éloigne

L'Europe et les Etats-Unis ont longtemps débattu de l'adéquation des fonds propres des banques européennes, un désaccord qui s'explique en partie par des modèles d'entreprise et réglementaires divergents. Les banques ne supportent pas les mêmes risques de part et d'autre de l'Atlantique. Or, le comité de Bâle était, en décembre, sur le point de conclure un accord qui aurait apaisé les tensions en empêchant certaines banques de recourir à des dispositifs leur permettant de contourner les règles de fonds propres.

Un report sine die de cet accord semble désormais probable, et pas seulement en raison de la politique de déréglementation des Etats-Unis. Le vice-président de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants a également demandé à la Réserve fédérale de se tenir à l'écart des négociations internationales tant que Donald Trump, dont la priorité est "l'Amérique d'abord", n'aurait pas nommé des alliés aux postes clés.

Certains régulateurs européens contestaient déjà les réformes envisagées, mais la tendance au durcissement des règles européennes de fonds propres ne s'arrêtera pas pour autant.

Les USA dominent déjà la finance internationale

Cependant, les banques américaines n'ont pas besoin de l'aide de Gary Cohn au plan international. Elles devancent déjà leurs homologues européennes dans les domaines de la levée de fonds pour les entreprises et du trading. De nombreux établissements bancaires européens peinent à élaborer une stratégie depuis la crise, tandis que les banques américaines sont soutenues par des bénéfices élevés aux Etats-Unis, où les commissions des banques d'investissement sont supérieures à celles pratiquées dans toute autre région.

La crise financière a abouti à un degré sans précédent de coopération internationale pour sécuriser les banques à titre individuel et collectif.

Les taux d'intérêt et l'activité des marchés se redressant aux Etats-Unis, ce n'est vraiment pas le moment de renoncer à améliorer la santé du système financier. Les banques américaines dominent déjà la scène internationale, comme le souhaite Gary Cohn. Il n'est donc nul besoin d'instaurer une nouvelle rivalité entre les régulateurs mondiaux.

Ce film a déjà été tourné et le résultat a été calamiteux.

-Paul J. Davies, The Wall Street Journal

(Version française Aurélie Henri) ed : ECH - VLV