par Guy Faulconbridge

LONDRES, 20 juin (Reuters) - Si les Britanniques décidaient le 23 juin de quitter l'Union européenne (UE), la livre chuterait encore plus lourdement que lors du Mercredi Noir, cette journée du 16 septembre 1992 où la monnaie britannique dut sortir de force du mécanisme de change européen, juge le milliardaire George Soros.

Ce dernier était devenu célèbre en pariant précisément contre la livre sterling cette année-là et en réalisant ainsi un très juteux bénéfice par le biais de son fonds Quantum.

Dans un point de vue publié par le Guardian, Soros estime que la livre chuterait d'au moins 15%, voire de plus de 20%, en cas de Brexit. Elle se retrouverait ainsi à moins de 1,15 dollar contre 1,46 dollar environ actuellement.

"La valeur de la livre chuterait brutalement et cela aurait un impact immédiat et spectaculaire sur les marchés financiers, sur l'investissement, les prix et l'emploi", dit le financier de 85 ans.

"Selon moi, cette dévaluation serait plus importante et aussi plus perturbante que la dévaluation de 15% survenue en septembre 1992, lorsque j'ai eu la chance de dégager un copieux bénéfice pour les investisseurs de mon fonds spéculatif".

La Banque d'Angleterre ne réduirait pas les taux en réaction à un Brexit et elle n'aurait guère d'outils monétaires à sa disposition pour soulager la récession ou une chute des prix immobiliers, poursuit le financier d'origine hongroise.

"Il y a aujourd'hui des forces spéculatives bien plus imposantes et puissantes sur les marchés et elles n'hésiteront pas à exploiter le moindre mauvais calcul du gouvernement ou de l'électorat britanniques", observe-t-il.

"Un Brexit en rendrait quelques-uns très riches mais la plupart des électeurs se retrouveraient beaucoup plus pauvres", poursuit-il.

"Les électeurs britanniques sous-évaluent grossièrement le coût véritable d'un Brexit (...) Ils sont nombreux à croire qu'un vote en faveur d'un départ de l'UE n'aura aucun effet sur leur situation financière personnelle; cela relève du voeu pieux."

Confirmant le retournement amorcé ce week-end, deux sondages publiés lundi soir donnent le camp du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne en tête des intentions de vote. Mais une troisième enquête diffusée simultanément place en revanche le Brexit en tête. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)