STRASBOURG, 15 février (Reuters) - Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a critiqué jeudi le projet de loi par lequel la Hongrie veut pénaliser, voire interdire, les organisations non gouvernementales (ONG) qui reçoivent des financements de l’étranger et viennent en aide aux migrants.

Le texte a été soumis mardi au Parlement. Il est qualifié d’"anti-Soros" par le gouvernement, du nom de George Soros, milliardaire américain d’origine hongroise qui finance des organisations de défense des droits de l’homme en Europe centrale, et qui est devenu la bête noire du Premier ministre conservateur hongrois, Viktor Orban.

"Les mesures envisagées sont particulièrement préoccupantes dans la mesure où elles concerneront des organisations ou des personnes qui agissent pour protéger les droits des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, ce qui est parfaitement légitime dans une société démocratique", affirme Nils Muiznieks, dans une déclaration publiée à Strasbourg.

Le commissaire aux droits de l’homme s’était déjà inquiété, en mai dernier, de l’instauration d’une obligation d’enregistrement administratif pour les organisations de défense des droits de l’homme recevant des fonds de l’étranger.

Le nouveau projet de loi prévoit que les ONG qui aident les migrants reversent 25% de ces fonds sous forme de taxe à l’Etat.

Elles devraient en outre obtenir une autorisation de mener leurs activités auprès du ministère de l’Intérieur qui pourrait la leur refuser pour des raisons de "sécurité nationale". Celles qui outrepassent ce refus pourraient être dissoutes.

Nils Muiznieks, ancien ministre letton, qui a lui-même exercé des responsabilités, au début de sa carrière, au sein de la fondation Soros, apporte son soutien à l’homme d’affaires.

"Ce projet législatif vient après une série de mesures et de déclaration gouvernementales qui visent des entités fondées ou liées au philanthrope américano-hongrois George Soros qui effectuent un travail important en Hongrie, y compris dans le domaine des droits de l’homme", écrit-il. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)