Le PDG de Carrefour, qui s'apprête à céder sa place à Alexandre Bompard le 18 juillet à la tête du groupe de distribution, a défendu jeudi son bilan et présenté son successeur sous les applaudissements des actionnaires.

"Carrefour a renoué avec la croissance, les chiffres ne sont pas brillantissimes mais ils sont bons (...) Le groupe peut envisager l'avenir avec beaucoup de confiance", a dit Georges Plassat lors de l'assemblée générale.

Le PDG estime avoir préparé l'avenir, jugeant que les actions mises en place depuis son arrivée il y a cinq ans vont porter leurs fruits.

La diversification des formats permise par le rachat de Dia, l'amélioration de l'offre alimentaire avec le bio, la refonte de la logistique, le redressement attendu des activités en Chine et le développement du e-commerce sont autant d'éléments porteurs pour l'avenir, selon lui.

"Certains pensent que nous avons été trop lents (dans le e-commerce), c'est possible", a-t-il concédé, ajoutant cependant que l'entreprise était "grande et lourde" et avait "besoin de temps pour s'acclimater".

Arrivé en 2012, Georges Plassat a remis sur les rails un distributeur à la dérive, qui avait divisé par deux ses investissements et ses dividendes.

Mais le groupe, rattrapé par ses difficultés en France, son retard dans le e-commerce et les problèmes persistants de sa filiale chinoise, n'est pas parvenu à reconstituer ses marges pour les aligner sur celles des bons élèves du secteur.

Souhaitant la bienvenue à son successeur, présent dans la salle, il s'est dit convaincu qu'il "fera très bien" et que "l'entreprise lui plaira", déclenchant un tonnerre d'applaudissements.

Il a également évoqué les défis auxquels serait confronté Alexandre Bompard, comme les pressions sur les marges imposées par une "concurrence sauvage".

RÉMUNÉRATION VOTÉE À 69,6% DES VOIX

L'arrivée du nouveau PDG intervient à un moment délicat pour Carrefour. La croissance du groupe a ralenti au premier trimestre en France, où il perd des parts de marché, comme à l'étranger. Ce tassement pourrait encore s'accentuer au deuxième trimestre, selon les analystes.

En France, Alexandre Bompard devra trouver la parade dans un environnement particulièrement difficile, où la guerre des prix fait rage et où 45% du marché est détenu par des acteurs indépendants non cotés - Leclerc en tête - qui n'ont pas les mêmes exigences de rentabilité.

Au Brésil, deuxième pays du groupe, la crise économique et la nouvelle baisse du real pourraient, selon certains analystes, obliger à différer une nouvelle fois la cotation de sa filiale.

Georges Plassat, qui avait souhaité passer la main un an avant l'échéance de son mandat prévue en 2018, souhaitait que son successeur soit issu du groupe pour éviter une rupture dans la stratégie et pouvoir le piloter pendant encore un an.

Mais le PDG de Fnac Darty a eu la faveur des grands actionnaires, la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette (11,5% du capital), Groupe Arnault, holding du PDG de LVMH Bernard Arnault (8,7%) et Abilio Diniz, le magnat brésilien du commerce (7,9%).

Jeudi, un deuxième représentant d'Abilio Diniz a fait son entrée au conseil en la personne de Flavia Buarque de Almeida.

La résolution sur la rémunération de Georges Plassat (6,6 millions d'euros) a quant à elle été votée avec réticence, à 69,6% des voix.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : Carrefour, Fnac Darty