(Actualisé avec précisions, citations, déclaration de Di Maio)

MILAN, 29 août (Reuters) - Atlantia a de nouveau suscité mercredi la colère du pouvoir italien en rejetant l'idée d'une nationalisation de sa filiale autoroutière Autostrade, sans pour autant écarter le principe d'une coopération avec des fonds publics.

Dans une interview publiée par La Repubblica, l'administrateur délégué d'Atlantia, Giovanni Castellucci, explique qu'Autostrade est un élément essentiel du groupe d'infrastructure et qu'une nationalisation marquerait un retour en arrière.

Le concessionnaire d'autoroutes est sur la sellette après l'effondrement du pont Morandi à Gênes qui a fait 43 morts le 14 août.

A la suite de la catastrophe, le gouvernement italien a engagé une procédure de retrait des concessions autoroutières d'Autostrade et le ministre des Transports Danilo Toninelli a déclaré lundi qu'une nationalisation était la "seule solution."

"Autostrade fait partie du patrimoine historique d'Atlantia, dont il est l'actif plus important. Il n'y a pas d'autre scénarios (sur la table)", a déclaré Giovanni Castellucci dans l'interview accordée à La Repubblica.

Autostrade, qui exploite 3.000 km d'autoroutes en Italie, représente plus de 60% du résultat d'exploitation de sa maison mère.

Le concessionnaire Autostrade per l'Italia, privatisé par le gouvernement en 1999, est actuellement détenu à 88% par Atlantia qui est lui-même contrôlé par la famille Benetton, très influente en Italie. Le reste du capital est détenu par l'assureur Allianz et le fonds chinois Silk Road Fund.

Deux sources avaient indiqué à Reuters la semaine dernière que le gouvernement pourrait favoriser une entrée de l'établissement public Cassa Depositi e Prestiti (CDP) au capital d'Autostrade afin de retrouver un droit de regard.

Le Trésor italien, qui contrôle la CDP, a dit n'avoir aucun projet de la sorte.

"Il n'y a aucun plan, aucun contact (avec la CDP)", a dit Giovanni Castellucci à La Repubblica. Je peux dire toutefois que la coopération avec des fonds d'investissement institutionnels avec des objectifs de long terme, même liés à organismes publics, fait partie de notre ADN."

Le vice-président du Conseil Luigi Di Maio a par la suite réaffirmé sa position tranchée sur Autostrade, écartant l'idée d'une prise de participation de la CDP.

"L'administrateur délégué d'Atlantia dit que nous ne devons pas nationaliser (...) mais veut bien que l'Etat ait une participation. D'abord vous créez la confusion et ensuite vous vous prononcez pour une participation (de la CDP) pour sauver votre cours de Bourse (...) Cela n'est pas notre objectif", a-t-il déclaré.

La CDP a par le passé fourni des financements à Atlantia, y compris l'an dernier un prêt de 1,7 milliard d'euro destiné à Autostrade.

Prié dans l'interview de dire s'il avait envisagé de démissionner, Giovanni Castellucci a répondu qu'il consacrait toute son énergie au drame de Gênes et à Autostrade. (Francesca Landini, Juliette Rouillon et Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Allianz, Atlantia