Thyssenkrupp bondit de 4,5% à 22,46 euros, soutenu par la démission surprise du président du directoire, Heinrich Hiesinger. Les investisseurs spéculent sur une accélération de la transformation du conglomérat. Nommé à la tête du groupe en 2011 pour le transformer, via notamment des cessions d'actifs, Heinrich Hiesinger avait annoncé, en début de semaine, le bouclage de la fusion de ses activités sidérurgiques avec celles de l'indien Tata Steel au terme de longs mois de discussions. Mais cette victoire n'était en réalité que le chant du cygne du dirigeant.

Deux fonds activistes, Cevian (deuxième actionnaire avec 18% du capital) et Elliott (entré en mars dernier avec moins de 3% du capital), ont vivement critiqué les termes de la transaction qu'ils jugent trop favorables au géant indien.

Last but not least, les fonds reprochaient à Heinrich Hiesinger son incapacité à mener rapidement une restructuration d'envergure, susceptible de doper les marges de ThyssenKrupp et, bien sûr, de renforcer le retour à l'actionnaire.

Dans le communiqué annonçant sa démission, Heinrich Hiesinger n'a pas caché la raison de son départ inattendu, pointant une divergence stratégique. "Une compréhension commune entre le directoire et le conseil de surveillance sur la stratégie est un prérequis crucial pour diriger une compagnie", a-t-il expliqué. "J'ai pris cette décision en toute conscience pour provoquer une discussion fondamentale sur l'avenir de Thyssenkrupp".

Le conseil de surveillance doit se réunir aujourd'hui pour décider de la suite à donner à la requête d'Heinrich Hiesinger. Ce dernier parti, le conseil de surveillance pourrait céder aux injonctions de Cevian et Elliott en accélérant la restructuration du groupe.

Selon les observateurs, Thyssenkrupp pourrait mettre en Bourse ses activités sidérurgiques, désormais baptisées ThyssenKrupp Tata Steel. Le conglomérat pourrait également céder certaines activités de construction navale et sa branche Material Services spécialisée dans la distribution d'aciers et de métaux non-ferreux.

Dans une note publiée ce matin, Jefferies partage ce point de vue, estimant que désormais "toutes les cartes sont sur la table" pour le groupe. Le broker s'attend à la mise en œuvre d'une restructuration plus agressive, et pourquoi pas la mise en vente de certains "joyaux de la couronne", comme la branche Ascenseur.

Dans ce cadre, le courtier a confirmé sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 33 euros sur ThyssenKrupp.