Les spéculations autour de l'avenir de Thyssenkrupp se sont intensifiées à la suite de la démission de son président du directoire Heinrich Hiesinger la semaine dernière.

"Je pense que ce serait une décision totalement erronée", a dit le président du conseil de surveillance Ulrich Lehner, dans un entretien publié mercredi par l'hebdomadaire Die Zeit.

Il a précisé qu'il n'y avait aucun projet de cession de la branche ascenseurs, la plus rentable du groupe, qui, selon certains actionnaires et analystes, débarrasserait l'action Thyssenkrupp de sa décote boursière propre aux conglomérats.

"Les bijoux de famille (...) ne sont vendus que quand les temps sont difficiles. Ce n'est pas nécessaire (pour Thyssenkrupp)", a-t-il déclaré.

Ce discours paraît s'adresser aux fonds activistes Cevian et Elliott, qui ont tous deux critiqué la performance de Thyssenkrupp sous la direction d'Heinrich Hiesinger, l'action ayant perdu 28% depuis son entrée en fonction en janvier 2011.

Cevian, qui détient 18% du capital, a publiquement appelé à une revue stratégique et une éventuelle refonte du groupe.

La fondation Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, premier actionnaire avec 21% du capital et deux sièges au conseil de surveillance, a elle aussi écarté cette éventualité et défendu le président du directoire démissionnaire.

"Nous ne laisserons pas le champ aux sauterelles, ce qui reviendrait à trahir le mandat de la fondation", a dit de son côté son directeur adjoint Reimar Lüst à Die Zeit, en référence au qualificatif parfois donné en Allemagne aux fonds activistes.

"Si nous le pouvions, nous ferions revenir M. Hiesinger immédiatement. Nous l'avons toujours soutenu."

La démission d'Heinrich Hiesinger, survenue moins d'une semaine après la conclusion d'un accord historique sur la création d'une coentreprise avec le sidérurgiste indien Tata Steel, a fait suite à des mois de pressions exercées par les fonds activistes.

"Beaucoup a été fait dans la sphère publique pour déstabiliser la société et lui personnellement", a dit Ulrich Lehner, ajoutant que certains actionnaires se comportaient d'une façon qui s'apparentait à de la "terreur psychologique".

Il a notamment évoqué la mise en circulation de fausses déclarations et des exigences injustifiées de démission de l'équipe dirigeante, sans apporter plus de précisions.

(Christoph Steitz et Tom Käckenhoff, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)