(Actualisation: commentaires d'Henri Poupart-Lafarge et de Bruno Le Maire sur l'opération, précisions sur le financement, contexte)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'équipementier ferroviaire Alstom a annoncé lundi avoir signé un protocole d'accord avec le groupe canadien Bombardier et son principal actionnaire, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), en vue de l'acquisition de Bombardier Transport.

L'opération, dont la finalisation est prévue au cours du premier semestre 2021, créerait un nouvel acteur de taille mondiale de l'industrie ferroviaire avec un chiffre d'affaires cumulé de 15,5 milliards d'euros et un carnet de commandes de 75 milliards d'euros, a indiqué le groupe français.

L'opération devrait conduire à une relution à deux chiffres du bénéfice net par action (BNPA) d'Alstom à compter de la deuxième année suivant sa réalisation. Elle devrait également permettre de générer 400 millions d'euros de synergies de coûts par an à partir de la quatrième ou de la cinquième année, selon Alstom.

Le prix proposé par Alstom pour l'acquisition de 100% de Bombardier Transport sera compris entre 5,8 milliards et 6,2 milliards d'euros, en fonction des résultats de Bombardier, a précisé Alstom dans un communiqué.

Il sera financé à hauteur d'environ 5 milliards d'euros par l'émission d'actions nouvelles, et le solde par de la dette et de la trésorerie disponible.

L'opération verra la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient actuellement 32,5% de Bombardier Transport, devenir le premier actionnaire d'Alstom, à hauteur de 18%, via une augmentation de capital réservée à un prix de 44,45 euros par action.

"CDPQ s'est engagé à réinvestir environ 2 milliards d'euros dans Alstom, correspondant à 100% du produit net de cession de sa participation dans Bombardier Transport et à réaliser un investissement additionnel à hauteur de 0,7 milliard d'euros", a précisé Alstom.

Alstom prévoit également de réaliser entre le second semestre 2020 et le premier semestre 2021 une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription, d'un montant pouvant aller jusqu'à 2 milliards d'euros.

Bouygues, actuellement actionnaire à hauteur de 14,6% d'Alstom, se verrait dilué à environ 10% du capital par ces opérations. Il restera un actionnaire important d'Alstom, a précisé l'équipementier ferroviaire.

Une assemblée générale extraordinaire des actionnaires devrait se tenir d'ici au 31 octobre 2020 afin d'approuver les augmentations de capital envisagées.

Un dossier "plus simple" que Siemens

L'opération devra également passer l'examen des autorités de la concurrence, notamment en Europe où les deux groupes disposent d'une forte présence. En 2017, la Commission européenne avait rejeté un projet de fusion entre Alstom et l'allemand Siemens Mobility, inquiète des conséquences de l'opération pour la concurrence sur le marché des systèmes de signalisation et celui des trains à très grande vitesse.

Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré dans un communiqué publié lundi soir que le rapprochement envisagé entre Alstom et Bombardier était une "excellente nouvelle pour la France, pour l'Europe et pour le Canada". Il a précisé qu'il s'entretiendrait mardi de ce projet avec Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne en charge des questions de concurrence.

"Cette acquisition renforcera notre présence internationale ainsi que notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durable. Bombardier Transport apportera à Alstom une complémentarité géographique et industrielle sur des marchés en croissance, ainsi que des plateformes technologiques additionnelles", a déclaré Henri Poupart-Lafarge, le président-directeur général d'Alstom, cité dans le communiqué du groupe.

Le PDG a expliqué lors d'une conférence avec des analystes que Bombardier était peu présent dans les activités de signalisation, au contraire de Siemens Mobility, ce qui avait été l'un des plus importants griefs de la Commission européenne. Le dossier est "plus simple" que le projet de rapprochement avec Siemens, a-t-il ajouté.

Alstom a précisé qu'il entendait "rétablir le potentiel opérationnel et la rentabilité de Bombardier Transport, avec pour objectif de restaurer la marge et d'améliorer la qualité d'exécution".

Henri Poupart-Lafarge a cependant assuré que ce rapprochement n'entraînerait pas de restructurations ou de suppressions d'emplois. "Nous sommes confiants. C'est une très belle acquisition dans un contexte offensif d'accélération de la croissance", a-t-il indiqué, ajoutant que l'opération n'incluait aucune reprise de dette du groupe Bombardier.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: LBO

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