Alstom espère obtenir le feu vert de la Commission européenne pour le rachat des activités de transport ferroviaire de Bombardier dès la fin du mois, a déclaré mercredi le PDG du groupe français, Henri Poupart-Lafarge, devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

Présentée à la mi-février, l'opération prévoit qu'Alstom débourse jusqu'à 6,2 milliards d'euros pour acquérir la division rail du groupe Canadien, lourdement endetté, afin de s'armer face à la concurrence chinoise dans un secteur dopé par la demande pour les transports "verts".

Il y a douze jours, l'exécutif bruxellois a repoussé au 31 juillet sa décision sur le projet de fusion afin d'examiner les concessions offertes par le groupe français en vue d'obtenir son feu vert.

"Nous espérons avoir l'autorisation de la Commission dès la fin du mois, dès le 31 juillet", a déclaré le PDG devant les députés.

Parmi d'autres concessions, Alstom a proposé de céder son usine de Reichshoffen, le régulateur européen estimant que le rapprochement des deux groupes aboutirait à une part de marché trop importante, de l'ordre de 50%, sur le segment des trains régionaux, a expliqué le dirigeant.

Le site alsacien produit les trains régionaux Coradia Polyvalent et emploie environ 800 personnes.

Cette solution a été préférée à une cession du site français de Bombardier à Crespin qui était une autre option possible, Crespin (Nord) fabriquant également des trains urbains en plus de trains régionaux, a expliqué le PDG.

Alstom veut trouver un acheteur "solide" pour racheter le site alsacien, a encore indiqué Henri Poupart-Lafarge mercredi, précisant qu'il était trop tôt pour évoquer des noms de repreneurs potentiels.

Une reprise du site par le Chinois CRRC, numéro un mondial du secteur, n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il toutefois souligné.

Interpellé - parfois vivement - par certains députés sur la décision de céder Reichshoffen, Henri Poupart-Lafarge a dit être résigné face aux règles européennes de concurrence.

"J'ai connu le dossier Siemens", a-t-il dit, en faisant référence au projet avorté de rapprochement dans le ferroviaire entre Alstom et son concurrent Siemens, bloqué en février 2019 par la Commission européenne.

"Il y a un droit de la concurrence. Moi, en tant que patron d'entreprise, je n'ai pas le pouvoir de changer le droit de la concurrence."

(Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse)