L'opération, dont les grandes lignes ont été dévoilées en fin de semaine, permettra au groupe français de se renforcer dans les infrastructures énergétiques et au Brésil, qui comptent parmi ses axes stratégiques et pays prioritaires.

L'offre retenue par Petrobras (qui conservera 10% de TAG) a été déposée par un consortium constitué d'Engie SA, Engie Brasil Energia (détenu à 68,7% par Engie) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Engie a précisé dans un communiqué qu'il détiendrait au total 49,3% du capital de TAG et que, en matière de financement, un ratio dette sur capitaux propres de 70/30 était visé à la clôture de la transaction, prévue avant la fin du premier semestre 2019.

Le groupe français estime ainsi que le rachat de TAG aura un impact limité à 1,6 milliard d'euros sur sa dette nette. Son consortium avait déjà annoncé samedi un accord avec un groupe de banques pour financer 70% de l'opération.

Engie a en outre noué avec Petrobras un partenariat industriel en vertu duquel il sera intégralement chargé dans trois ans de la gestion, l'exploitation et la maintenance du gazoduc.

Les actifs de TAG, qui apporteront à Engie "des bénéfices régulés stables et attractifs", comportent 4.500 kilomètres de gazoduc, soit 47% de l'ensemble des infrastructures gazières du Brésil.

Engie souligne que le gaz naturel contribuera de plus en plus à la diversification et à la décarbonation du mix énergétique du pays, en remplaçant les sources d'énergie fortement carbonées et en complément des énergies renouvelables.

LE PLUS GROS PROJET D'ACQUISITION D'ISABELLE KOCHER

TAG fournira au groupe de nouveaux revenus à partir de contrats à long terme tout en lui permettant d'élargir son portefeuille de clients locaux et de favoriser le développement dans le pays du biométhane et de l'hydrogène "vert".

"La dynamique de la demande de gaz au Brésil va continuer d'augmenter, très probablement jusqu'en 2035, parce qu'elle répond à la demande énergétique d'un pays qui est toujours en développement et qui est également en croissance démographique", a souligné la directrice générale d'Engie, Isabelle Kocher, lors d'une conférence téléphonique.

"L'intérêt de cet actif, c'est aussi d'accompagner le pays dans les différentes étapes de la transition énergétique vers un mix zéro carbone", a-t-elle ajouté.

Selon les éléments fournis pas Engie, outre son gazoduc, TAG détient six stations de compression situées le long de son réseau, qui relie l'Etat de Rio de Janeiro au nord de la côte brésilienne, ainsi qu'une zone isolée de l'Amazonie, approvisionnant au passage des centrales thermiques.

La société a enregistré en 2018 un Ebitda de 4,4 milliards de réals brésiliens (1,0 milliard d'euros) et un résultat opérationnel courant de 3,9 milliards (0,9 milliard).

"Notre objectif, c'est d'améliorer encore l'efficacité et donc la rentabilité de cette installation. Nous allons y appliquer nos méthodes (...) et aussi y intégrer toutes nos innovations, notamment digitales", a dit Isabelle Kocher.

"TAG dessert directement les grands industriels consommateurs d'énergie du pays et presque toutes les plus grandes villes du pays, donc TAG est aussi pour Engie un moyen privilégié pour accélérer le déploiement de ses offres auprès de ces grands acteurs."

Le groupe français n'a pas détaillé à ce stade la contribution de TAG à son résultat net, ce qu'il prévoit de faire lorsque que la transaction sera finalisée.

TAG est le plus gros projet d'acquisition d'Engie depuis l'accession d'Isabelle Kocher à sa direction générale et le lancement d'un programme de cessions de quelque 15 milliards d'euros, début 2016.

"Cette installation va donner à Engie un vrai surplus de dynamique et une contribution tout à fait significative à nos propres objectifs", a-t-elle indiqué.

L'action Engie gagnait 0,6696% à 13,525 euros à 10h05 pendant que le CAC 40 se repliait de 0,2%.

(Benjamin Mallet, édité par Gwénaëlle Barzic et Jean-Michel Bélot)

par Benjamin Mallet