LONDRES (Reuters) - Les banques britanniques intensifient leur lobbying contre d'éventuelles hausses d'impôts dans le premier budget du nouveau gouvernement travailliste, redoutant que ce dernier mette le secteur à contribution pour redresser les finances publiques, ont déclaré à Reuters plusieurs sources du secteur.

Si ni le Premier ministre ni sa ministre des Finances Rachel Reeves n'ont publiquement déclaré que les banques devraient payer plus d'impôts, la récente référence de Keir Starmer au fait que le fardeau pèserait sur ceux qui ont "les épaules plus larges" a alimenté les inquiétudes, ont déclaré trois sources.

Rachel Reeves doit rencontrer les hauts représentants du secteur dans les prochains jours, et les banquiers s'attendent à ce qu'une augmentation de l'impôt sur les bénéfices des banques soit discutée, ont déclaré deux des sources.

Une troisième source a déclaré que Jamie Dimon, directeur général de JP Morgan Chase, rencontrerait Rachel Reeves à Londres mercredi dans le cadre d'un engagement organisé d'un commun accord.

Un porte-parole du Trésor a déclaré qu'il ne commenterait pas "les spéculations sur les changements fiscaux en dehors d'un événement fiscal". Il n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire sur la discussion de Rachel Reeves avec Jamie Dimon.

Les sources, qui ont refusé d'être nommées en raison du caractère sensible de la question, ont déclaré qu'elles s'attendaient à ce que le Trésor cherche à amplifier une surtaxe existante que les banques paient déjà.

Selon ces sources, il s'agissait du moyen le plus simple pour Rachel Reeves de faire appel au secteur pour combler un trou de 22 milliards de livres (26,09 milliards d'euros) dans les finances publiques dans son budget du 30 octobre.

Cela serait plus facile que de réduire le montant des intérêts que les banques britanniques perçoivent sur les réserves déposées à la Banque d'Angleterre, ce qui pourrait fausser les effets de sa politique monétaire, ont-elles ajouté.

HSBC, la plus grande banque britannique, a affiché en février une hausse de 78% de son bénéfice avant impôt pour 2023, à 30,3 milliards de livres, et ses concurrentes, notamment NatWest Group et Barclays, ont enregistré des résultats tout aussi robustes.

Les actions des banques britanniques ont brièvement chuté la semaine dernière après que le Financial Times a cité un ancien fonctionnaire anonyme plaidant en faveur d'un prélèvement "judicieusement conçu" sur les banques.

La taxe bancaire britannique a été introduite en 2011 pour freiner les risques excessifs et la croissance irréfléchie à la suite de la crise financière mondiale.

(version française Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)

par Sinead Cruise