(Actualisé avec réunion du département de la Justice §12)

par Patricia Zengerle

WASHINGTON, 5 septembre (Reuters) - Les dirigeants de Facebook et Twitter ont défendu leurs initiatives pour limiter les risques de nouvelles ingérences électorales lors d'auditions devant les deux chambres du Congrès des Etats-Unis, mercredi, alors que nombre d'élus leur reprochent leur inefficacité.

Face à ces accusations, la directrice générale adjointe de Facebook, Sheryl Sandberg, et le directeur général de Twitter, Jack Dorsey, ont reconnu devant la commission du Renseignement du Sénat que leurs sociétés avaient réagi trop lentement aux ingérences russes dans la campagne électorale de 2016, tout en assurant faire beaucoup mieux aujourd'hui.

"Nous avons supprimé des centaines de pages et de comptes impliqués dans un comportement trompeur coordonné - ce qui signifie qu'ils ont induit les autres en erreur sur leur identité et sur ce qu'ils faisaient", a déclaré Sheryl Sandberg devant les sénateurs.

"Lorsque de mauvais acteurs essaient d'utiliser notre site, nous les bloquons", a-t-elle assuré.

Jack Dorsey a déclaré devant la même commission que Twitter avait considérablement renforcé la surveillance des opérations de manipulation sur sa plateforme, et en a voulu pour preuve le signalement aux autorités le mois dernier de comptes soupçonnés d'être basés en Iran. Il a ajouté que 770 comptes avaient été supprimés pour avoir violé les règles de conduite de Twitter.

Les explications des dirigeants des réseaux sociaux n'ont pas semblé convaincre les élus.

"Malheureusement, rien n'a été fait pour résoudre ce que j'avais décrit en novembre (2017) comme une 'vulnérabilité en matière de sécurité nationale' et un 'risque inacceptable'", a déclaré le président de la commission sénatoriale, le républicain Richard Burr.

"Ce problème ne va de toute évidence pas disparaître. Je ne suis même pas sûr que l'on aille dans la bonne direction", a-t-il insisté.

TRUMP ACCUSE FACEBOOK ET TWITTER D'INTERFÉRENCE

Avant le début de l'audience au Sénat, essentiellement consacrée aux ingérences étrangères, Donald Trump était monté au créneau en accusant les réseaux sociaux d'interférer eux-mêmes dans la campagne des élections de mi-mandat au Congrès, le 6 novembre, dans le but selon lui de favoriser une victoire démocrate. Les républicains sont pour le moment majoritaires dans les deux chambres.

Le président américain n'a pas étayé ses accusations autrement qu'en qualifiant Facebook et Twitter de "super libéraux" - au sens politique du terme.

Le département de la Justice a annoncé mercredi qu'il se réunira avec les procureurs réuniront le 25 septembre prochain pour discuter de leurs inquiétudes à propos des géants de l'internet, qui "étouffent intentionnellement les échanges d'idées".

Donald Trump et d'autres responsables républicains accusent régulièrement les géants de l'internet de vouloir faire taire certaines voix conservatrices, comme celle d'Alex Jones, dont le site conspirationniste Infowars a récemment été exclu des grandes plateformes. Twitter a suspendu le compte d'Alex Jones pendant sept jours durant l'été.

Convoqué de la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants plus tard dans la journée de mercredi, Jack Dorsey entendait se défendre de tout biais en assurant que Twitter "ne prend pas de décisions dictées par une idéologie politique", selon sa déposition écrite rendue publique mardi.

Donald Trump a aussi accusé la semaine dernière le moteur de recherche de Google de mettre en valeur les articles le critiquant au détriment de ceux qui assurent une "couverture honnête" et promis d'agir à ce sujet, sans apporter là non plus de preuve ni de précisions sur ce qu'il pourrait entreprendre.

La Chambre des représentants, qui a adopté une attitude beaucoup plus partisane que le Sénat dans cette affaire, a refusé d'entendre Kent Walker, le directeur juridique d'Alphabet, maison mère de Google, réclamant la comparution de son directeur général Larry Page.

Google a néanmoins publié mardi la "déposition" écrite de Kent Walker, qui y assure que la société prend la question des ingérences étrangères très au sérieux.

Le passage sur le grill des dirigeants des réseaux sociaux pesait sur la tendance mercredi à Wall Street, où le Nasdaq reculait de 1,4% et l'indice des valeurs technologiques du S&P de 1,74% en fin de matinée. Facebook abandonnait 1,8% et Twitter plongeait de plus de 5%. (Avec Diane Bartz et Susan Heavey Tangi Salaün et Arthur Connan pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)

Valeurs citées dans l'article : Twitter Inc, Facebook, Alphabet