(Reuters) - Pékin envisage de démanteler Alipay, la très populaire application mobile de paiement d'Ant Group, filiale d'Alibaba, et de créer une application distincte pour les services de prêt, a rapporté le Financial Times dimanche.

D'après le quotidien financier britannique, qui cite deux sources proches du dossier, il est aussi prévu que le groupe transmette les données personnelles qu'il utilise pour ses décisions de prêt à une co-entreprise, en partie détenue par l'État.

Des sociétés soutenues par l'État s'apprêtent à prendre une participation importante dans cette nouvelle société de notation de crédit à la consommation, avaient déclaré à Reuters trois personnes la semaine dernière.

Selon une de ces sources, Ant Group et Zhejiang Tourism Investment Group Co Ltd prévoient ainsi de prendre une participation de 35%, tandis que des entreprises d'État telles que Hangzhou Finance and Investment Group et Zhejiang Electronic Port détiendraient un peu plus de 5% chacune.

Le Financial Times rapporte qu'Ant Group ne serait pas la seule "fintech" concernée par les nouvelles mesures de Pékin. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du groupe.

Ant Group a été l'un des premiers géants chinois de la technologie à subir le renforcement de la répression réglementaire de Pékin. Les autorités chinoises ont bloqué l'an dernier son projet d'introduction en bourse de 37 milliards de dollars et ont par la suite imposé une restructuration radicale visant à transformer Ant Group en holding financière.

De son côté, la maison-mère Alibaba, fondée par l'homme d'affaires Jack Ma, s'est vue infliger une amende de 2,75 milliards de dollars pour violation des règles anti-monopole et abus de position dominante.

Depuis plusieurs mois, les géants de l'Internet chinois font face à une forte pression réglementaire concernant les pratiques anticoncurrentielles, les données personnelles et les crypto-monnaies.

Dernière mesure en date, le ministère de l'Industrie et des technologies de l'information (MIIT) a demandé lundi aux géants du numérique de mettre fin au blocage de liens entre services concurrents, une pratique courante en Chine.

A la Bourse de Honk Kong, Alibaba et Tencent ont chuté respectivement lundi de 4,23% et de 2,45%.

(Reportage Aishwarya Nair, version française Valentine Baldassari, édité par Blandine Hénault)