L'atmosphère, les questions et les participants ont beaucoup changé en 10 ans. De tous ces patrons invités à répondre aux membres de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, seul le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, était déjà aux commandes de sa banque avant la crise financière. Il dirige JPMorgan depuis la fin 2005.

Alors qu'il y a 10 ans, l'attention des parlementaires se portait sur la capacité des banques américaines à maintenir le système financier à flot et à éviter de futurs renflouements par l'Etat fédéral, les élus démocrates ont notamment insisté cette fois sur le profil de leurs relations d'affaires, réclamant des réponses sur leurs éventuels clients russes ou sur le financement des fabricants d'armes à feu.

La démocrate Maxine Waters, qui préside cette commission au sein de laquelle siègent des personnalités comme Alexandria Ocasio-Cortez, a ainsi demandé d'emblée à trois de ces banquiers s'ils avaient eu vent d'activités suspectes au sein de leur établissement en relation avec des comptes russes.

Mike Corbat de Citigroup a refusé de répondre en invoquant une enquête en cours sur ce sujet. Brian Moynihan de Bank of America et James Gorman de Morgan Stanley ont dit avoir mené des investigations en interne et n'avoir rien découvert de suspect.

Les questions ont moins porté sur les risques systémiques que sur des aspects sociaux, comme la manière dont les banques contribuent à la lutte contre les inégalités, via par exemple la modulation de leurs frais, favorisent la promotion des femmes et des personnes issues de minorités ou distribuent le crédit aux entreprises susceptibles d'en avoir besoin.

LES LEÇONS DE LA CRISE ONT ÉTÉ TIRÉES, DIT DIMON

Ces grands banquiers ont tout de même eu quelques occasions d'aborder les thèmes qu'ils souhaitaient, lorsque les élus républicains les ont interrogés sur des questions plus systémiques.

Dans leurs discours d'introduction, ces patrons ont aussi fait valoir aux législateurs que Wall Street avait réformé les pratiques qui ont alimenté la crise.

"Nous ne perdrons jamais de vue ce que nous avons appris", a dit Jamie Dimon, en estimant que les mesures prises depuis par sa banque devraient empêcher une nouvelle crise.

Depuis 10 ans, les plus grandes banques américaines ont renforcé leurs fonds propres à hauteur de plus de 800 milliards de dollars (710 milliards d'euros) au total pour consolider le système financier.

Ces derniers mois, elles ont fait une série d'annonces pour montrer qu'elles sont au service de leurs clients et de la société.

Bank of America a annoncé mardi qu'elle porterait d'ici 2021 le salaire horaire minimum à 20 dollars, contre 15 dollars actuellement.

Le mois dernier, JPMorgan a déclaré qu'elle ne financerait plus le secteur pénitentiaire privé et qu'elle investirait 350 millions de dollars dans des programmes de formation professionnelle.

Goldman Sachs s'est publiquement fixé des objectifs en matière de recrutement de femmes et de groupes minoritaires, une initiative que Citigroup a prise à la fin de l'an dernier.

Parmi les autres participants à cette audition figuraient David Solomon de Goldman Sachs, Ronald O'Hanley de State Street et Charles Scharf de Bank of New York Mellon.

Wells Fargo n'était pas représentée en raison de la démission de son directeur général Tim Sloan le mois dernier.

(Dominique Rodriguez et Bertrand Boucey pour le service français)

par Imani Moise et Elizabeth Dilts