PARIS, 27 juin (Reuters) - Emmanuel Macron marquera mardi le
retour de Paris dans le club des grandes capitales de la finance
mondiale à l'occasion de l'inauguration d'un nouveau siège
commercial de JP Morgan à même, espère le président
français, d'attirer des banquiers chassés de la Grande-Bretagne
par le Brexit.
Le directeur général de la banque américaine, Jamie Dimon,
figure au nombre des quelque 120 patrons du monde entier
présents lundi au château de Versailles pour la quatrième
édition du sommet annuel Choose France ("Choisissez la France"),
initiative du chef de l'Etat pour attirer les investisseurs dans
l'Hexagone.
Mardi matin, Jamie Dimon et Emmanuel Macron visiteront
ensemble le nouveau hub de JP Morgan installé en plein coeur de
Paris, près du musée du Louvre, où seront basés environ 440
salariés, dont beaucoup arrivent tout droit de Londres.
Les conseillers du chef de l'Etat voient dans cette
installation une illustration des réformes pro-entreprises mises
en oeuvre par la France depuis l'élection d'Emmanuel Macron,
lui-même ancien banquier d'affaires.
"En 2017, la France n'était même pas sur la carte des
relocalisations en Europe continentale en cas de Brexit", a
déclaré un conseiller du président français. "Beaucoup de succès
ont été enregistrés depuis 2017."
Le déménagement de JP Morgan témoigne concrètement des
bouleversements du paysage financier européen engendré depuis
janvier par la sortie du royaume de l'Union européenne.
Paris est notamment à l'offensive pour attirer les chambres
de compensation de Londres vers l'UE, alors que la dérégulation
des marchés financiers par la Grande-Bretagne dans les années
1980, le "Big Bang", avait réduit ces activités à peau de
chagrin dans les capitales du Continent.
Les banques mondiales comme JP Morgan ont longtemps utilisé
Londres comme leur point d'entrée vers le Marché unique
européen. Le Brexit ayant coupé l'accès libre de la
Grande-Bretagne à ce marché, les banques ont dépensé des
millions de dollars pour installer des succursales à Paris,
Francfort et d'autres villes de l'Union pour éviter toute
perturbation.
Selon EY, plus de 7.500 emplois financiers et un milliard de
livres d'actifs ont été transférés de Londres vers l'Union
européenne.
Après ces premiers mouvements, les sociétés financières se
demandent maintenant s'il est toujours rentable de garder des
activités des deux côtés de la Manche, où s'il ne serait pas
nécessaire d'en délocaliser l'ensemble vers le continent.
"Nous pourrions atteindre un point de bascule dans de
nombreuses années où il pourrait être judicieux de déplacer
toutes les fonctions qui desservent l'Europe du Royaume-Uni vers
l'Europe continentale", a déclaré Jamie Dimon aux actionnaires
dans une lettre transmise cette année.
Dans un rapport publié en mai, le groupe de réflexion New
Financial estime que Paris a attiré 102 des 440 entreprises
britanniques ayant déménagé ailleurs dans l'UE, juste derrière
Dublin (135). Francfort devrait sortir vainqueur en termes
d'actifs et Paris en termes d'emplois, ajoutaient les auteurs de
l'étude.
Selon l'Elysée, les mesures fiscales introduites par la
France ont permis de créer 3.000 nouveaux emplois post-Brexit
dans la finance à Paris, avec un potentiel de 4.000 l'année
prochaine.
"Les acteurs financiers viennent à Paris d'abord parce que
c'est un écosystème", estime l'Elysée. "Londres avait tout.
Notre ambition est que Paris ait tout aussi. Nous recréons la
finance mondiale à Paris."
Selon l'Elysée, lors cette quatrième édition de Choose
France, 22 projets d'investissement seront annoncés par des
entreprises étrangères invitées, représentant 3,5 milliards
d'euros et près de 7.000 emplois créés.
C'est dans ce cadre qu'Emmanuel Macron visite ce lundi matin
à Douai (Nord) une usine de batteries électriques créée par
Envision AESC sur le site Renault avec 1.000 emplois à
la clé d'ici 2024.
($1 = 0,8380 euros)
(Reportage Michel Rose et Gwénaelle Barzic à Paris, Huw Jones à
Londres, rédigé par Elizabeth Pineau, édité par Matthieu
Protard)