L'électricien public français, dont l'Etat détient 83,6% du capital, a précisé dans un communiqué qu'il visait pour 2020 un bénéfice avant impôts, charges financières, dépréciations et amortissements (Ebitda) compris entre 17,5 et 18,0 milliards d'euros, à périmètre et change constants, après 16,7 milliards en 2019 (+8,4% en croissance organique).

EDF cible pour l'exercice en cours des charges opérationnelles stables, des investissements nets totaux d'environ 15,5 milliards d'euros (13,9 milliards en 2019) et, pour la période 2019-2020, un montant de cessions compris entre 2 à 3 milliards.

Le groupe souligne qu'il dispose d'une bonne visibilité sur ses prix - qui font l'objet d'une couverture avec environ deux ans d'avance -, qu'il va bénéficier d'une hausse des tarifs régulés en France de 2,4% au titre de 2020 et que sa production nucléaire pourrait progresser cette année.

Il a enregistré au titre de 2019 un résultat net courant de 3,9 milliards d'euros (+57,9%), un cash flow positif de 1,8 milliard - hors projet d'EPR britannique d'Hinkley Point et coûts liés au compteur communicant Linky - et un chiffre d'affaires de 71,3 milliards (+4,0%).

EDF a dans le même temps multiplié par 4,4 son résultat net part du groupe, à 5,2 milliards d'euros, en particulier grâce à la forte amélioration de son résultat financier.

Selon un consensus réalisé par Refinitiv, les analystes attendaient en moyenne un résultat net part du groupe de 3,0 milliards d'euros, un Ebitda de 16,3 milliards et un chiffre d'affaires de 70,9 milliards.

LA DETTE SE CREUSE, ATTEINT 41 MILLIARDS D'EUROS

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a rappelé lors d'une conférence de presse téléphonique que le groupe était structurellement en situation d'augmentation de sa dette en raison notamment de la régulation du parc nucléaire français.

"Il est clair que la solution est la modification de la régulation (...), nous espérons que, dans les mois ou l'année qui vient, une solution va être mise en oeuvre", a-t-il dit.

Le gouvernement a soumis à consultation en janvier un projet de réforme censée permettre de garantir la couverture des coûts d'EDF tout en préservant les consommateurs de hausses de prix trop importantes.

EDF a rappelé vendredi que sa propre restructuration dépendrait de la mise en oeuvre de cette réforme, le groupe envisageant de se scinder en deux avec d'une part les activités nucléaires, hydrauliques et le transport d'électricité et, d'autre part, les autres énergies renouvelables, le commerce et le réseau de distribution Enedis notamment.

Dans le cadre de ce projet nommé "Hercule", la première partie regroupant les activités nucléaires - dite "bleue" - serait intégralement ou presque renationalisée tandis que la seconde - dite "verte" - s'ouvrirait à des capitaux extérieurs.

"Nous entrons dans une phase de concertation étroite (...) avec les représentants des salariés (...) et, vers la fin du semestre, nous pensons avoir bien davantage peaufiné le projet Hercule et être en mesure de faire des propositions concrètes au gouvernement si, et seulement si (...) le gouvernement - en liaison avec la Commission de Bruxelles - a pu lui-même arrêter ce que sera la future régulation", a dit Jean-Bernard Lévy.

EDF cible un endettement financier net sur Ebitda d'environ 2,6 en 2020 et inférieur ou égal à 2,7 en 2021. Ce ratio s'établit à 2,46 à fin 2019, ce qui représente un endettement financier net de 41,1 milliards d'euros, en hausse de 7,7 milliard en raison essentiellement de l'évolution des normes comptables.

Le groupe a confirmé sa politique de dividende avec un taux de distribution représentant 45 à 50% de son résultat net courant pour les deux années à venir, l'Etat ayant opté pour un paiement du dividende en actions du solde du dividende 2019 et s'étant engagé à faire de même au titre du dividende au titre de 2020.

En France, le groupe vise cette année une production nucléaire comprise entre 375 et 390 térawatts-heure (TWh), après 379,5 TWh en 2019 (-3,5%).

(Edité par Jean-Stéphane Brosse)

par Benjamin Mallet et Bate Felix