(Actualisation: commentaire du PDG d'EDF, précisions sur le refinancement d'Areva, cours de Bourse et commentaire d'analyste)

- EDF va prendre une participation majoritaire dans Areva NP

- L'opération valorise 100% d'Areva NP à 2,7 milliards d'euros

- EDF prévoit de déposer une offre ferme fin 2015

- Areva a besoin de 7 milliards d'euros

- EDF confirme ses objectifs financiers pour 2015

Electricité de France (>> EDF) a confirmé jeudi son rapprochement avec le groupe d'ingénierie nucléaire Areva (>> Areva), dont il va reprendre une participation majoritaire dans l'activité réacteurs sur la base d'une valeur d'entreprise de 2,7 milliards d'euros.

Début juin, l'Etat, qui détient 83,2% du capital d'Areva, et EDF avaient annoncé qu'ils allaient investir dans le groupe nucléaire en grandes difficultés. Le rapprochement entre Areva et EDF a été approuvé par les conseils d'administration des deux groupes, a indiqué mercredi le PDG de l'électricien, Jean-Bernard Lévy.

EDF prévoit de prendre au moins 51% d'Areva NP, tandis qu'Areva pourra être présent à hauteur d'un maximum de 25%. D'autres partenaires minoritaires pourraient également entrer au capital.

"Si nous ne trouvons pas d'autres partenaires, nous pourrions avoir 75%", a déclaré Jean-Bernard Lévy. "Nous pensons entre-temps parce que des contacts préliminaires ont été noués, parce que des partenaires potentiels ont fait connaître leur intérêt (...) que nous allons aboutir à une situation tripartite", a ajouté le dirigeant.

Le président du directoire d'Areva, Philippe Varin, avait récemment indiqué que l'intervention d'investisseurs chinois était une option.

EDF déposera une offre ferme fin 2015

L'opération valorise 100% d'Areva NP à 2,7 milliards d'euros, ce qui correspond à 8 fois l'excédent brut d'exploitation. Le traitement de la trésorerie entre le 1er janvier 2015 et la date de réalisation de l'acquisition doit encore fait l'objet d'un accord ultérieur, "tenant compte des mesures engagées et des prévisions qui seront présentées par le nouveau management d'Areva NP", a précisé EDF.

L'électricien estime que dans ces conditions financières, l'opération aura un impact neutre sur son cash-flow en 2018. Le groupe s'est par ailleurs assuré qu'Areva NP, lui-même et leurs filiales seront "totalement immunisés" contre tout risque lié au projet de réacteur nucléaire EDR finlandais Olkiluoto 3, qui multiplie retards et surcoûts depuis plusieurs années.

A partir du mois d'août, une phase de "due diligence" détaillée sera engagée afin de permettre à EDF de remettre une offre ferme au dernier trimestre 2015. La réalisation de l'opération est envisagée au second semestre 2016.

Au-delà de la vente de son activité de réacteurs nucléaires à EDF, Areva compte aussi céder 400 millions d'euros d'actifs. Le groupe a annoncé jeudi dans un communiqué séparé qu'il avait besoin de 7 milliards d'euros pour faire face à ses difficultés. Areva va aussi procéder à une augmentation de capital dont le montant sera précisé à la mi-novembre et qui devrait être réalisée en 2016.

A la Bourse de Paris, le titre Areva grimpait dans la matinée de 7% à 8,88 euros, tandis que l'action EDG gagnait 1,2% à 21,40 euros.

Confirmation des objectifs pour 2015

L'annonce par EDF de son rapprochement avec Areva et de ses résultats semestriels est considérée comme une publication "positive" par les analystes de Bryan Garnier. "La plupart des résultats du premier semestre sont en ligne avec les attentes", soulignent-ils.

Au titre du premier semestre, EDF a fait état d'un résultat net part du groupe quasi-stable (-0,2%) à 2,5 milliards d'euros, affecté par une charge d'amortissement et par la décision de la Commission européenne concernant le traitement fiscal des provisions créées pour le renouvellement des ouvrages du réseau d'alimentation générale. L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a progressé de 3,6% au premier semestre, à 9,1 milliards d'euros, grâce notamment aux bonnes performances d'EDF en France.

Pour 2015, EDF table toujours sur une croissance organique de son Ebitda comprise entre 0% et 3%. Il vise également un endettement net de l'ordre de 2 à 2,5 fois son Ebitda.

EDF a également annoncé jeudi qu'il lancerait à partir du second semestre une revue stratégique de ses actifs de production d'énergie à partir de combustibles fossiles en Europe Continentale, ainsi que de ses activités de production et de commercialisation de combustibles fossiles non directement liées à son coeur de métier.

Cette revue s'inscrit dans le cadre de son projet stratégique "Cap 2030" et dans la perspective de la transition énergétique, a expliqué le groupe.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com (ed/VV/EC)

(Inti Landauro a contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : EDF, Areva