(Actualisation: ajoute commentaires du PDG sur une éventuelle scission du groupe, détails sur le parc nucléaire et précisions sur les objectifs de réduction des coûts d'exploitation)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'energéticien Electricité de France s'est montré un peu plus confiant mardi dans ses objectifs pour 2018, après avoir annoncé une hausse de ses résultats au premier semestre, en raison notamment de la forte progression de la contribution des énergies renouvelables.

Le groupe a relevé son objectif de résultat brut d'exploitation (Ebitda) dans une fourchette comprise entre 14,8 milliards et 15,3 milliards d'euros à taux de change comparables et climat "normal". L'Ebitda était précédemment attendu entre 14,6 milliards et 15,3 milliards d'euros. Il anticipe également un flux de trésorerie libre à l'équilibre, hors compteurs Linky, nouveaux développements et plan de cession d'actifs. EDF a dans le même temps abaissé son objectif d'endettement financier net, désormais attendu inférieur ou égal à 2,5 fois l'Ebitda en 2018, contre 2,7 fois auparavant.

Les objectifs d'EDF continuent d'être basés sur une estimation de production nucléaire en France supérieure à 395 térawatts-heure (TWh) cette année.

Sur les six premiers mois de l'année, l'excédent brut d'exploitation a progressé de 17,7% à données publiées et de 18,9% à périmètre et taux de change constants par rapport à la même période un an plus tôt, à 8,23 milliards d'euros.

"Cette performance est principalement portée par le segment France - Activités de production et commercialisation grâce à une forte hausse de la production nucléaire et hydraulique et à l'amélioration des conditions de prix sur les marchés de gros", a expliqué le groupe dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires de l'électricien public a pour sa part augmenté de 5,6% à données publiées et de 4% à périmètre et taux de change constants, pour atteindre 35,18 milliards d'euros.

Sur les six premiers mois de l'année, le résultat net part du groupe d'EDF a baissé de 13,9% pour atteindre 1,73 milliard d'euros, mais le résultat net courant, qui exclut notamment les éléments non récurrents, a cru de 27%, à 1,74 milliard d'euros.

"Les résultats semestriels confirment le rebond annoncé pour 2018, grâce à une solide performance opérationnelle et à la poursuite de l'effort de réduction des coûts. Ce rebond est soutenu par des conditions hydrologiques favorables", a déclaré le président-directeur général du géant du nucléaire, Jean-Bernard Lévy, cité dans le communiqué.

Les analystes interrogés par Factset prévoyaient en moyenne un chiffre d'affaires de 35,21 milliards d'euros, un résultat net courant de 1,30 milliard d'euros, et un excédent brut d'exploitation de 7,98 milliards d'euros.

Le groupe a confirmé qu'il s'attendait à voir ses charges opérationnelles diminuer en 2018 de 800 millions d'euros par rapport à 2015, un mouvement conforme à l'objectif d'une baisse de 1,1 milliard d'euros sur la période 2015-2019.

Sur le semestre, la production d'électricité nucléaire a progressé de 2,7% en France, à 202,6 TWh, alors qu'elle a baissé de 5,9% au Royaume-Uni à 30,2 TWh. L'énergie produite par les installations de la filiale EDF Energies Nouvelles, spécialisée dans les énergies renouvelables, a progressé de 14,8% à 7,9 TWh, tandis que l'hydraulique en France a grimpé de 37,6%, à 29,3 TWh.

L'excédent brut d'exploitation du groupe a bénéficié d'un effet météorologique favorable, avec un impact positif par rapport au premier semestre 2017 d'un montant estimé à 67 millions d'euros (+0,4 TWh). En revanche, l'impact de l'évolution des tarifs réglementés de vente d'électricité a conduit à une baisse estimée de 79 millions d'euros par rapport au premier semestre 2017.

Au cours d'une conférence téléphonique de présentation des résultats du groupe, Jean-Bernard Lévy a évoqué les spéculations persistantes sur une scission des activités nucléaires et renouvelables d'EDF.

"C'est la prérogative de l'actionnaire majoritaire d'EDF, l'Etat français, de regarder si la structure actuelle des actifs d'EDF est optimale pour atteindre" ses attentes en ce qui concerne les missions d'EDF, a déclaré le dirigeant.

L'Etat pourrait, à un certain moment, avoir des idées sur une éventuelle restructuration, mais "à ce stade, nous ne sommes pas informés" d'une requête formulée par l'Etat pour qu'EDF étudie le moindre scénario spécifique, a ajouté Jean-Bernard Lévy.

EDF travaillerait avec l'Etat s'il décidait de reconsidérer la structure du groupe, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le responsable du parc nucléaire du groupe, Dominique Minière, a estimé au cours de la même conférence téléphonique que le risque d'impact des récentes fortes chaleurs en France sur le niveau de production des centrales nucléaires était provisionné. Il a ajouté que les dispositions existantes permettant de pallier des restrictions de fonctionnement liées aux conditions climatiques avaient été très peu utilisées au premier semestre.

La semaine dernière, EDF avait annoncé un nouveau report du chantier de la centrale nucléaire de Flamanville et relevé à 10,9 milliards d'euros l'estimation du coût de construction, contre 10,5 milliards d'euros attendus précédemment, en raison de la nécessité d'effectuer des réparations sur une partie des soudures du circuit dans lequel doit circuler la vapeur produite par le générateur. L'énergéticien avait aussi annoncé un report d'un an du chargement du combustible, désormais prévu au quatrième trimestre 2019.

Le démarrage de la centrale de Flamanville devait coïncider avec la fermeture fin 2018 de la centrale de Fessenheim. Mais le nouveau retard pris dans le calendrier de lancement de l'EPR pousse l'énergéticien à revoir la façon dont EDF va opérer ses centrales. EDF devrait publier plus de détails à ce sujet et sur l'avenir de Fessenheim "dans les jours à venir", a précisé Dominique Minière mardi.

Selon des avis publiés mardi sur le site Internet du groupe, EDF a planifié une période d'arrêt total du réacteur numéro 1 de Fessenheim du 19 janvier au 20 mars 2019, et annulé une période d'indisponibilité du réacteur, dont la puissance maximale et de 880 mégawatts (MW), prévue du 9 septembre au 16 octobre 2018. Le réacteur numéro 2, également d'une puissance de 880 MW, doit être mis à l'arrêt du 18 mai au 17 juillet 2019. EDF planifie également l'arrêt des deux réacteurs l'année prochaine entre le 30 novembre et le 31 décembre.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV - LBO

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