PARIS (Reuters) - EDF s'est mis en situation de faire face aux deux prochaines années sans avoir besoin d'un renflouement par l'Etat mais espère que Paris et Bruxelles s'entendront dès que possible sur une nouvelle régulation du nucléaire français et sur sa réorganisation, a annoncé le groupe jeudi.

L'électricien public français, qui a vu ses résultats chuter en 2020 sous l'effet des baisses de consommation d'électricité et de production nucléaire liées au coronavirus, a précisé qu'il espérait la mise en place d'une nouvelle régulation début 2023 afin d'obtenir davantage de moyens pour investir.

"Nous avons devant nous, je l'espère, par exemple à partir du 1er janvier 2023, une trajectoire financière très différente qui pourra, si la régulation se met en place, nous donner les moyens d'ambitions et de réalisations beaucoup plus élevées", a dit son PDG, Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence de presse téléphonique.

EDF pourrait en particulier investir bien plus dans les énergies renouvelables en cas de nouvelle régulation, a notamment réaffirmé Jean-Bernard Lévy. Le groupe a d'ailleurs relevé jeudi ses objectifs en la matière, disant viser désormais 60 gigawatts (GW) nets de capacités installées à l'horizon 2030 contre 50 GW précédemment.

Le PDG a également estimé qu'EDF s'était donné les moyens d'assurer ses équilibres économiques et financiers en 2021 et 2022, sans apport additionnel de l'Etat mais sans que celui-ci perçoive ses dividendes en numéraire, comme il s'y est engagé au titre de 2020.

Alors que Paris et Bruxelles négocient au sujet d'une nouvelle régulation du nucléaire et du projet de réorganisation Hercule des activités d'EDF - vivement contesté par les syndicats -, il a cependant souligné que des sujets majeurs restaient en discussion et que le temps pressait.

OBJECTIF DE PRODUCTION NUCLÉAIRE CONFIRMÉ

EDF vise pour 2021 un bénéfice avant impôts, charges financières, dépréciations et amortissements (Ebitda) supérieur à 17 milliards d'euros - contre 16,2 milliards en 2020 (-3,3%) - avec un ratio d'endettement financier net sur Ebitda inférieur à trois fois.

Le groupe a enregistré au titre de 2020 un résultat net courant de 1.969 millions d'euros (-49,1%) et un chiffre d'affaires de 69,0 milliards (-3,2%), tandis que son résultat net part du groupe a plongé de 87,4% à 650 millions d'euros en raison notamment d'éléments négatifs exceptionnels, à hauteur de 928 millions nets d'impôts.

Le cash-flow d'EDF s'est établi à -2,7 milliards d'euros en 2020 et son endettement financier net atteignait 42,4 milliards à fin décembre.

Le groupe, dont l'Etat détient 83,7% du capital, propose un dividende de 0,21 euro par action (il n'avait versé qu'un acompte de 0,15 euro au titre de 2019) avec l'option maintenue d'un paiement en actions.

Il vise toujours pour 2021 en France une production nucléaire comprise entre 330 et 360 térawatts-heure (TWh) - après 335,4 TWh en 2020 (-11,6%) - et maintient ses objectifs à l'horizon 2022, notamment en matière d'économies et de cessions.

L'action EDF perdait 2,6453% à 10,305 euros vers 11h10.

(Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault et Marc Angrand)