Renault prévoyait jusqu'ici de verser 1,10 euro par action à ses actionnaires, contre 3,55 euros au titre de l'exercice précédent.

"Dans le contexte actuel lié à la pandémie de coronavirus dans le monde, et dans un souci de responsabilité vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes du groupe qui consentent des efforts ou subissent les effets d'une crise sans précédent, le conseil d'administration de Renault a décidé de ne plus proposer la distribution de dividende à l'assemblée générale", a-t-il annoncé dans un communiqué.

L'assemblée générale, qui devait se tenir le 24 avril, a été quant à elle décalée au 19 juin, a également déclaré le conseil d'administration.

Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, et la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, ont en outre décidé de réduire de 25% leur rémunération au deuxième trimestre "au minimum", tandis que les administrateurs ont décidé à l'unanimité de diminuer de 25% le montant de leurs jetons de présence 2020.

"Les économies réalisées seront reversées au fonds de solidarité mis en place dans le cadre du Contrat de solidarité et d'avenir conclu le 2 avril", a ajouté Renault dans son communiqué.

Le groupe a signé la semaine dernière avec la majorité de ses syndicats un accord social de crise prévoyant notamment le don de jours de congés pour compléter le dispositif financé par l'Etat et l'entreprise.

SENARD ET DELBOS POURRAIENT PROLONGER LEUR BAISSE DE SALAIRE

Une source proche de Renault a précisé que si la crise se prolongeait, Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos pourraient en effet étendre leur geste salarial sur le trimestre suivant. Selon cette source, d'autres membres de la direction pourraient leur emboîter le pas.

Alors que plusieurs groupes du secteur automobile, comme Michelin ou Ford, avaient déjà décidé de réduire ou suspendre leurs dividendes au titre de l'exercice 2019 pour préserver leur cash, Renault n'avait encore rien modifié sur ce terrain.

Mais le gouvernement français exhorte les entreprises dont l'Etat est actionnaire à ne rien verser, surtout si elles touchent des aides publiques pour traverser la crise ou ont recours au chômage partiel financé par l'Etat.

Dans le cas de Renault, dont l'Etat détient 15% du capital, plusieurs administrateurs salariés avaient également appelé à ne pas verser de dividendes aux actionnaires, compte tenu de la crise actuelle.

Le constructeur n'a pas exclu de solliciter des garanties auprès de l'Etat - qui garantira jusqu'à 300 milliards d'euros tous les nouveaux crédits aux entreprises - et a recours au chômage partiel pour l'ensemble de ses usines françaises et, la moitié de la journée, pour 16.000 salariés tertiaires d'Ile-de-France.

Déjà ébranlé depuis près d'un an et demi par la disgrâce de son homme fort Carlos Ghosn et contraint cette année d'arrêter sa production automobile sur ses principaux marchés, Renault a perdu environ 56% de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année.

Jeudi, l'agence de notation S&P a abaissé sa note de crédit du groupe dans la catégorie spéculative en raison de l'impact attendu de la crise du coronavirus sur la performance de Renault et sa capacité à gérer le recul attendu de ses résultats, ses cash flows et ses objectifs d'émissions de CO2.

(Edité par Bertrand Boucey)

par Gilles Guillaume