(Actualisation: précisions sur le différend qui opposait Renault et Nissan, contexte)

PARIS/TOKYO (Agefi-Dow Jones)--Les constructeurs automobiles Renault et Nissan ont résolu leur différend concernant la réforme de la gouvernance du groupe japonais, apaisant un conflit qui avait contribué à l'échec des négociations de fusion entre Renault et l'italo-américain Fiat Chrysler (FCA).

La résolution du différend va permettre à Nissan de mettre en place un nouveau conseil d'administration, ce qui, selon les dirigeants de Renault, pourrait ouvrir la voie à une reprise des négociations avec Fiat Chrysler sur une fusion, a indiqué une source proche du constructeur automobile français. Ces pourparlers avaient buté sur le refus de Nissan de soutenir le projet de rapprochement et le gouvernement français avait demandé un délai le temps de rallier Nissan. FCA a alors retiré sa proposition de fusion.

Les dirigeants de Renault souhaitent relancer les négociations dans un avenir proche, avant que les conditions de marché ne changent, a ajouté la source.

Le président français, Emmanuel Macron, devrait discuter de l'alliance Renault-Nissan avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, lorsqu'il le rencontrera la semaine prochaine au Japon.

Renault menaçait de faire obstacle à la réforme de la gouvernance de Nissan, en s'abstenant de prendre part au vote en assemblée générale devant autoriser la création de trois comités (audit, nomination et rémunérations) chez le constructeur nippon.

Les deux partenaires au sein de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi s'opposaient sur le souhait du constructeur français de voir son directeur général, Thierry Bolloré, siéger au futur comité d'audit de Nissan.

Selon l'accord trouvé entre les deux parties, Thierry Bolloré se verrait finalement attribuer un siège au comité d'audit, ont déclaré des sources proches du dossier. L'un des administrateurs indépendants de Nissan, Masakazu Toyoda, a écrit au président de Renault, Jean-Dominique Senard, pour lui faire cette proposition, a déclaré l'une de ces sources.

Nissan souhaite créer trois comités au sein du conseil d'administration, chargés de l'audit des comptes, des nominations et de la rémunération des dirigeants. L'objectif est de mieux traiter les questions de gouvernance et de prévenir le type d'irrégularités qui sont aujourd'hui reprochées à Carlos Ghosn. Les actionnaires seront appelés à se prononcer sur le projet lors de l'assemblée générale annuelle prévue le 25 juin. Son adoption nécessitera une majorité des deux tiers, ce qui rend indispensable le soutien de Renault.

Lors de l'assemblée générale de Renault la semaine dernière, Jean-Dominique Senard a jugé insuffisante sa propre nomination, acceptée par Nissan, au comité des nominations. "Nous avons deux représentants de Nissan dans les comités de Renault", a-t-il souligné, en exigeant une représentation équivalente au sein des comités de Nissan. Le dirigeant a également indiqué qu'il ne voterait pas en faveur d'un changement de gouvernance qui ne remplirait pas cette condition.

Le constructeur japonais avait cherché à tenir Thierry Bolloré à l'écart du comité d'audit car il jugeait que sa fonction au sein de Renault aurait pu entrer en conflit avec la mission du comité, qui est de veiller à ce que les projets de Nissan soient dans l'intérêt du groupe nippon.

Ces préoccupations relatives à un éventuel conflit d'intérêts étaient purement hypothétiques mais Nissan s'en est inquiété après qu'un comité externe a recommandé d'éviter les conflits d'intérêts potentiels à la suite de l'affaire Ghosn, selon des personnes au fait des discussions.

Depuis l'arrestation et l'inculpation de Carlos Ghosn, Nissan et Renault se sont affrontés sur des questions relatives à l'enquête sur leur ex-dirigeant et sur l'évolution de leur alliance. Nissan s'est ainsi opposé à un projet de fusion avec Renault et a contribué à faire dérailler le rapprochement entre le groupe automobile français et Fiat Chrysler Automobiles.

Jean-Dominique Senard a indiqué la semaine dernière que Renault avait perdu de l'influence au sein de l'alliance depuis la révision en 2015 de son accord capitalistique avec Nissan, qui a limité la capacité de Renault à exercer ses droits de vote.

-Nick Kostov et Sean McLain, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher, Thomas Varela et Jérôme Batteau) ed: ECH - LBO

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