Pour rappel : Vivendi et son ancien patron sont accusés d'avoir provoqué et dissimulé au public - surtout aux actionnaires - la profonde crise de liquidité que traversait le groupe entre la fin 2000 et la mi-2002.

Pour sa défense, Messier argue avant tout de sa bonne foi : "Il a reconnu avoir commis des erreurs, mais il a établie également une évidence : il n'a escroqué personne", claironne son avocat, repris par Le Monde (07/01).

Les défenseurs de Jean-Marie Messier appuient leur plaidoirie sur les témoignages de l'ancien directeur financier du groupe, Guillaume Hannezo, également accusé dans l'affaire. Le "livre des alertes" qu'il a adressé à l'ex-Pdg montre que, malgré des désaccords avec Jean-Marie Messier sur la stratégie à suivre, le grand patron n'a pas commis de faute.

Au pire, peut-on reprocher à J2M de s'être laissé emporter par ses ambitions, en multipliant les investissements tous azimuts, laissant du coup dangereusement filer la dette de Vivendi. Pêle-mêle, on peu citer parmi ses acquisitions Maroc Telecom, les éditions Houghton Mifflin, Echostar... le tout, sans céder le moindre actif.

La principale accusation à laquelle doivent faire face les patrons français est d'avoir dissimulé l'état des finances de Vivendi. Là encore, Jean-Marie Messier se défend d'avoir commis une quelconque faute. Certes, la dette a dépassé de 3 milliards d'euros le montant prévu. Mais les informations ont été données en temps et en heure.

Pour preuve, les avocats de Messier brandissent des articles d'époque de Fortune et de Business Week qui donnent le montant effectif de l'endettement.

La défense du groupe Vivendi est légèrement différente. L'entreprise de Jean-Bernard Lévy explique qu'il n'y a jamais eu de crise de liquidité. La dette est peut-être montée à des sommets, mais à aucun moment le groupe n'a craint de ne pouvoir honorer ses factures.

James Quinn, avocat de Vivendi résume : "Ils nous reprochent d'avoir dissimulé un risque de liquidité. Mais, mesdames et messieurs, comment révéler un risque que nous n'avons jamais couru ?".

Jurés assommés...
On l'a dit, le verdict est attendu pour cette semaine. Mais, note la revue American Lawyer (05/01), ce procès illustre les limites des jurys populaires. En quelques mois, les six femmes et les trois hommes du jury ont dû se former aux arcanes des fusions-acquisitions ou à des définitions termes aussi obscurs que "cash-flow" ou EBIDTA.

James Quinn rappelle que les déboires de Vivendi ont été vite résolus. La nomination de Jean-René Fourtou à la tête du groupe a permis de faire rentrer les choses dans l'ordre en seulement quelques mois.

Aucun rapport, souligne-t-il, avec les "vraies" crises de liquidité subies par Chrysler et General Motors... qui ont conduit les deux constructeurs à la faillite. Et Quinn sait de quoi il parle, puisque son cabinet est précisément en charge de la banqueroute de GM.