Engagée il y a sept ans, l'action collective en justice (class action) des minoritaires vise à prouver que Jean-Marie Messier et son ex-bras droit ont caché les difficultés financières de Vivendi entre octobre 2000 et août 2002, soit un mois avant la démission de J2M. Les intéressés s'en défendent. À l'époque, l'ancien patron de Vivendi n'hésitait pas à assurer que son groupe se portait « mieux que bien ».

Mais le témoignage apporté mardi et mercredi dernier par l'actuel président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, met à mal la défense des accusés. À son arrivée à la tête de Vivendi, le 3 juillet 2002, Jean-René Fourtou raconte qu'il découvre alors « une entreprise au bord de la cessation de paiements ». « Il y a eu une crise de liquidité à court terme [...] Nous avons dû négocier rapidement avec sept banques une facilité de trésorerie de 1 milliards d'euros » (Les Echos, 15/10). Guillaume Hannezo lui-même a reconnu s'être livré à des « tours de magie comptables » et avait confié à Jean-Marie Messier son « ras-le-bol » de réécrire les bilans financiers du groupe pour les rendre plus présentables.

Afin de ne pas non plus enfoncer son prédécesseur, Jean-René Fourtou a précisé à l'audience qu'il n'a « pas du tout regardé le passé » lors de sa prise de en juillet 2002. « Comme je n'ai pas cherché, je n'ai pas trouvé » d'irrégularité, a-t-il ajouté, en précisant en outre que depuis qu'il était à la tête du groupe, « personne ne m'a rapporté avoir découvert quelque chose ».

Les actionnaires français de Vivendi exclus de la procédure ?
Preuve de son apparente nervosité dans un procès qui pourrait lui coûter plusieurs centaines de millions de dollars, le groupe Vivendi va assigner deux de ses actionnaires français associés à l'action collective actuellement en cours de jugement à New York, ainsi que la présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM), Colette Neuville.

Vivendi les enjoint de se retirer de la procédure américaine sous astreinte de 50 000 euros par jour de retard. Signalons que 60% du million d'actionnaires de Vivendi pendant la période concernée par le procès étaient Français. Les « faire disparaître » de la procédure, comme le souhaite l'avocat de Vivendi, réduirait d'autant les dommages et intérêts que Vivendi pourrait être condamné à leur verser.

Le procès, qui a déjà coûté 48 millions de dollars à Vivendi au titre du dédommagement de 12 000 actionnaires, devrait durer entre deux et trois mois.