Président d'OL Groupe, structure 'porteuse' de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas explique comment il compte pérenniser son modèle économique et les revenus récurrents.

- Les derniers résultats d'OL Groupe semblent valider le modèle économique pour lequel vous militez depuis quelques années ; ils sont encore fortement liés aux performances sportives de l'équipe première. Pour créer des revenus récurrents, déconnectés des résultats de l'Olympique lyonnais en Ligue des champions et en Ligue 1, la place du Groupama Stadium semble très importante...

À court terme, la place du Groupama Stadium est évidente. D'une part par l'augmentation des recettes de billetterie sur l'activité football : quand on est qualifiés en Ligue des Champions ou en Europa League, celles-ci participent vivement à notre dynamisme - nous sommes maintenant sur un point de billetterie annuelle de l'ordre de 50 millions, plus ou moins selon les parcours.
D'autre part, l'activité événementielle dans le stade se développe et bénéficie d'une très forte croissance. On peut en effet envisager, comme on l'avait imaginé dans le plan de développement triennal, d'arriver en termes de recettes autour du stade aux alentours de 80 millions d'euros, naming intégré.
Les autres activités sont par ailleurs en forte croissance, la partie ' droits ' étant en évolution significative, que ce soit en Europe ou sur le plan national. Avec Médiapro, à partir de 2020, la croissance sera de l'ordre d'une trentaine de millions d'euros. Viendra également s'ajouter le renouvellement des sponsors principaux (maillot et naming), que l'on espère significative, de l'ordre d'une dizaine de millions d'euros.

- Après le renouvellement du contrat avec Adidas, la période est importante pour OL Groupe, sur les dossiers naming et sponsoring ?

Le maillot Europe arrive notamment en renouvellement. Nous discutons avec un certain nombre de partenaires qui sont actuellement dans le club, mais aussi avec d'autres. Nous avons le naming du stade, également, qui arrive en fin de contrat triennal en 2020. Là aussi des choses sont en cours. Nous espérons une croissance des revenus significative. C'est souvent le cas après la première opération où il faut négocier, s'installer, crédibiliser. Là, comme les résultats en termes de notoriété sont immenses... Nous avons, enfin, le partenariat maillot principal, avec Hyundai en fin de cycle en 2020. Nous avons ainsi imaginé plusieurs alternatives, dont, peut-être, l'option de grouper les parties sponsoring et naming.

- On pourrait donc imaginer avoir le nom Groupama sur les maillots ?

Ça peut être une hypothèse, ça peut aussi être un grand partenaire international, [qui se positionnerait] sur le naming et le sponsoring, qui ne travaille pas actuellement avec l'Olympique lyonnais.

- Quid des revenus liés aux cessions de joueurs ?

Même s'ils sont récurrents dans nos comptes, nous arrivons à une période où, compte tenu de la notoriété des joueurs et des performances de l'académie, nous pouvons prévoir entre 70 et 80 millions de revenus récurrents sur ce poste. Cela pourrait même être très nettement supérieur. Mais il y a une inconnue : le Brexit. Les clubs anglais faisant partie des gros acheteurs, on ne sait pas quel effet la sortie de la Grande Bretagne aura sur les transferts.

- Au niveau des dépenses, avez-vous déjà chiffré ce qui sera dépensé lors du prochain mercato pour construire l'équipe ? Est-ce que vous souhaitez toujours être au moins à l'équilibre ? Pourrez-vous vous permettre d'être plus gourmands ?

Nous pourrions être plus gourmands, mais ce n'est pas notre stratégie. Nous entendons plutôt rester raisonnables, dépenser environ 50 millions d'euros, pour des recettes d'au moins 80 millions d'euros. D'une part parce que ce modèle a bien fonctionné jusque-là, et d'autre part, parce que pour valoriser l'académie, il est important que nos meilleurs jeunes participent aux matchs de l'équipe première.

- Les 70 ans de l'Olympique lyonnais approchent. Quelles sont les prochaines grandes étapes du développement du club ?

D'abord, nous souhaitons prolonger l'aventure événementielle sur OL City, via un projet de salle de 15.000 à 18.000 places, qui permettrait de récupérer tout ce qu'on ne peut pas proposer actuellement avec un stade ouvert de 59.000 places. Nous imaginons également profiter des nombreux succès nationaux et mondiaux de notre équipe féminine et de son image pour voir dans quelle mesure il est possible de s'implanter dans une élite privée, en particulier aux Etats-Unis, qui concourrait à fortifier la marque dans le monde, et poursuivre le développement de nos académies en dehors de nos frontières. Tout cela doit participer à un niveau de revenus récurrents beaucoup plus important à l'international, lesquels n'existent pas vraiment encore aujourd'hui, et c'est la différence avec des clubs comme le Bayern, Barcelone ou Manchester.

- Vous avez dit à plusieurs reprises que la cotation du titre ne reflètait pas vraiment les performances d'OL Groupe. Vous ne regrettez pas de vous être lancé dans ce projet ?

Non, ça a notamment permis d'arriver à la construction des infrastructures (stade, camp d'entraînement, académie, hôtel, centre de loisir...). Si nous n'avions pas été côtés en Bourse, le financement aurait été encore plus difficile. Pour le moment, la valorisation ne reflète pas la valeur des actifs et du positionnement sportif, mais je ne le regrette pas. C'est à nous de faire ce qu'il faut pour que les analystes et les investisseurs prennent conscience de notre potentiel.


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