Rupert Steiner,

Barron's

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'Oréal a fait un rare faux pas boursier cet été, après la publication d'une croissance organique inférieure aux attentes au deuxième trimestre. Néanmoins les fondamentaux du groupe restent solides, et c'est un pari à long terme.

Le numéro un mondial des cosmétiques, qui entend redynamiser ses ventes sur le marché américain, a annoncé au début septembre le transfert de Stéphane Rinderknech de L'Oréal Chine à L'Oréal USA, dont il prendra la direction le 1er octobre.

Le président-directeur général de L'Oréal, Jean-Paul Agon, a expliqué à Barron's que la croissance du maquillage "accélérerait" aux Etats-Unis grâce à de nouveaux produits et au repositionnement de ses marques. "Nous avons vraiment l'intention de rebondir aux Etats-Unis, mais cela pourrait prendre un certain temps ", a-t-il ajouté.

"Le groupe s'est donné les moyens de changer la tendance en Amérique du Nord", estime Pierre Tegner, analyste chez Oddo BHF.

L'Amérique du Nord est aujourd'hui le troisième marché de L'Oréal derrière l'Asie-Pacifique et l'Europe de l'Ouest, et le groupe reste confiant dans sa capacité à capter la croissance du marché.

Au cours des cinq dernières années, le propriétaire de Maybelline, Garnier et Lancôme a connu un très beau parcours boursier. Grâce à un chiffre d'affaires et un bénéfice tous deux en forte hausse, le titre a gagné 96,8%, contre un gain de 26,8% pour l'indice CAC 40.

Au premier semestre 2019, le résultat opérationnel du groupe a augmenté de 12,1%, à 2,8 milliards d'euros. Son chiffre d'affaires s'est étoffé de 10,6%, à 14,8 milliards d'euros. En dépit de ces bons résultats, le titre a été sanctionné, tombant à 230 euros début août en raison d'une légère déception sur la croissance du deuxième trimestre.

Il a depuis rebondi à près de 250 euros, soit une valorisation de 31 fois les bénéfices attendus pour l'année en cours.

Dans une note publiée le mois dernier, les analystes de Mainfirst ont maintenu leur recommandation "surpondérer" et leur objectif de cours de 270 euros sur L'Oréal. Ils estiment que L'Oréal devrait continuer à croître environ deux fois plus vite que la plupart des fabricants de produits d'entretien personnel et de la maison. Mainfirst prévoit une augmentation de 33% du résultat d'exploitation avant intérêts et impôts, qui n'inclut pas les charges exceptionnelles, à 6,4 milliards d'euros d'ici 2021.

Le courtier Liberum table quant à lui sur une hausse de 29% à 6,2 milliards d'euros, sur une base ajustée, grâce à de meilleures marges sur les innovations et aux économies résultant du ciblage des dépenses publicitaires sur Internet.

"Nous sommes parfaitement dans les temps cette année pour le groupe", a par ailleurs estimé Jean-Paul Agon. "Cette première mi-temps est l'une des meilleures que nous ayons jamais eues." En Asie et particulièrement en Chine, le groupe continue à capitaliser sur la demande de produits de soins de la peau et sur la croissance du commerce électronique. S'il parvient à corriger le tir sur ses activités américaines, le titre devrait poursuivre son ascension.

-Rupert Steiner, Barron's (Version française François Schott) ed: ECH

Barron's est l'hebdomadaire de référence financier et patrimonial du groupe Dow Jones.

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