(Rpt technique, texte inchangé)

AIX EN PROVENCE, 8 juillet (Reuters) - La guerre commerciale déclenchée par l'administration américaine risque de remettre en cause la stratégie d'investissements des entreprises dans le choix de la localisation de leurs activités, a déclaré dimanche à Reuters Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Solvay et nouveau président d'Engie.

"Les interrogations fortes sur le système commercial mondial, qui vont du Brexit à la guerre commerciale engagée entre les Etats Unis et la Chine, ce sont des éléments d'inquiétude pour les entreprises sur une décision assez essentielle, leurs investissements", a-t-il dit en marge des rencontres d'Aix en Provence.

Concernant Solvay, il a estimé que le retour de barrières douanières pourrait remettre en question la poursuite des investissements du chimiste belge aux Etats Unis.

"Si on s'installe durablement dans une guerre commerciale, ça remet en question nos stratégies de localisation (de nos activités)", a-t-il dit, ajoutant que cette interrogation était partagée par nombre de dirigeants d'entreprise.

Alors que les droits de douane étaient jusqu'ici un sujet "secondaire" dans la réflexion sur la localisation (des activités des entreprises), la guerre commerciale peut avoir un impact sur leurs décisions structurelles d'investissement, a poursuivi le dirigeant.

Les tensions commerciales ont moins d'impact sur Engie, qui tend à produire et vendre dans la même zone géographique.

"Soit c'est un épiphénomène et M. Trump revient à la raison, soit on est dans une situation où la localisation des activités va changer fondamentalement", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, en Europe, les risques de friction voire de craquèlement existent, notamment sur des sujets sensibles comme l'automobile.

L'Europe a selon Jean-Pierre Clamadieu les outils institutionnels, "mais ce qui lui manque ce sont des leaders forts capables d'aller taper du poing sur la table avec toute la force qui faudrait".

Intervenant lors des rencontres d'Aix, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que les Etats-Unis devaient s'attendre à une riposte ferme de l'Union européenne en cas de nouvelles hausses de droits de douane américains, notamment sur l'automobile.

Ces déclarations interviennent alors que la chancelière allemande Angela Merkel s'est dite favorable à un abaissement des droits de douane européens sur l'automobile, conformément à une exigence des Etats-Unis qui menacent de relever leurs propres taxes sur les importations de voitures européennes. (Pascale Denis, édité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : ENGIE, Solvay