Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a dénoncé jeudi le "coup fourré" de Suez, qui a logé ses activités Eau France dans une fondation de droit néerlandais, et n'exclut pas de relever son offre de rachat de l'essentiel de la part d'Engie dans son concurrent.

Le relèvement de l'offre "fait partie des possibilités", a dit Antoine Frérot sur BFM Business, ajoutant qu'il regarderait "juridiquement" le transfert annoncé par Suez et qu'il en discuterait dès ce jeudi avec le patron d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu.

Suez a logé mercredi son activité Eau France dans une fondation de droit néerlandais pour les quatre années à venir afin de la rendre "inaliénable", une décision qui a pour effet d'entraver le projet de rachat du groupe porté par Veolia.

Veolia, qui a proposé fin août d'acquérir l'essentiel de la participation d'Engie dans Suez (29,9% sur un total de 32%) avant de lancer une offre sur le reste du capital de son concurrent, rachat auquel Suez s'oppose farouchement, a prévu de céder l'activité Eau France de sa cible au fonds Meridiam pour éviter des problèmes de concurrence.

"Ce coup fourré n'est pas de nature à me décourager", a commenté Antoine Frérot.

"J'étudie toutes les options possibles. (...) Pour des raisons juridiques (...), je ne peux pas vous en dire plus mais j'en discuterai dès aujourd'hui avec Jean-Pierre Clamadieu."

Le relèvement de l'offre fait partie des possibilités, "comme toutes les autres options", a ajouté Antoine Frérot, tout en excluant à nouveau de prolonger l'offre de Veolia au-delà du 30 septembre.

Par la suite, a poursuivi le PDG de Veolia, "je peux abandonner le projet, je peux en lancer ou en poursuivre un autre - il n'y a pas que Suez non plus - ou bien je peux faire une OPA (sur Suez), tout est possible".

Si Engie accepte de vendre l'essentiel de sa participation, l'OPA sur le reste du capital sera lancée dans les jours qui suivent, sous condition suspensive des autorités de concurrence, et les autres actionnaires se verront proposer les mêmes conditions, a-t-il précisé.

Revenant sur le transfert aux Pays-Bas des activités Eau France de Suez, Antoine Frérot a estimé qu'il s'agissait d'"une disparition de valeur, sans aucune contrepartie et sans l'avoir demandé aux actionnaires".

"On est bien dans une stratégie de défense de postes de quelques personnes au détriment de l'ensemble des parties prenantes du groupe", a-t-il ajouté, accusant les dirigeants de Suez de "trahir leur entreprise, leurs actionnaires, y compris Engie, et même la France".

(Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse)