Reuters a rapporté le 14 mai que la première banque d'Italie avait engagé Lazard et son banquier Jörg Asmussen, ancien ministre délégué allemand des Finances, ainsi que JPMorgan pour une possible OPA sur Commerzbank.     

Cette information avait laissé entrevoir la perspective d'une opération permettant à UniCredit de se développer en dehors de son marché intérieur, un élément essentiel dans la stratégie d'expansion de son administrateur délégué Jean-Pierre Mustier.    

Les conseillers d'UniCredit n'ont toutefois pas pu beaucoup discuter avec ceux de Commerzbank, représentée par Goldman Sachs et Rothschild, selon les sources.    

Jean-Pierre Mustier a été contraint de geler ses projets car Commerzbank a demandé à pouvoir "souffler" et a dit ne pas être prête à négocier une nouvelle opération pour l'instant, ont précisé les sources.    

"Commerzbank a dit à UniCredit qu'elle avait besoin de temps pour réfléchir au meilleur plan d'action", a déclaré l'une des sources directement informées du dossier.

Elle a ajouté que la situation pourrait évoluer avec le temps mais qu'il était difficile de prévoir quand les Allemands seraient prêts à s'asseoir à la table des négociations avec la banque italienne.    

UniCredit et Commerzbank ont ​​refusé de s'exprimer sur le sujet.

UniCredit réfléchit depuis longtemps à une expansion en Allemagne afin de réduire son exposition au marché italien, qui pèse sur son cours de Bourse, ont déclaré plusieurs sources ayant connaissance des réflexions en cours au sein de la direction de la banque.

RÉDUIRE L'EXPOSITION À L'ITALIE POUR RASSURER LES ALLEMANDS

L'établissement milanais, dont la capitalisation boursière est d'environ 24 milliards d'euros, contre huit milliards pour Commerzbank, détient déjà HVB, une banque munichoise.

UniCredit, concentrée sur son plan de redressement qui s'achève cette année, a toutefois dû attendre l'issue des discussions entre Commerzbank et Deutsche Bank, qui se sont soldées en avril par un échec.

Le projet d'UniCredit vis-à-vis de Commerzbank était déjà à un stade avancé, selon les sources.

Dans le cadre ce projet, UniCredit voulait fusionner HVB et certaines de ses activités en Europe centrale avec Commerzbank, tout en scindant et en protégeant ses activités en Italie, a déclaré l'une des sources.

Le réseau d'UniCredit en Europe centrale comprend Bank Austria, l'une des principales banques de détail en Autriche, qui employait en mars 4.800 personnes dans 123 agences.

Les actifs fusionnés en Allemagne auraient été cotés à Francfort tandis qu'Unicredit aurait conservé son siège et sa cotation à Milan.

Deux banquiers proches du dossier ont déclaré qu'UniCredit aurait besoin d'une augmentation de capital de cinq à sept milliards d'euros pour financer une telle opération.

Conscient des craintes que peut susciter en Allemagne l'exposition du groupe à l'Italie, Jean-Pierre Mustier a entrepris le mois dernier de la limiter, notamment via la promesse d'une réduction de son vaste portefeuille d'obligations souveraines italiennes. UniCredit disposait de 54 milliards d'euros de titres du Trésor italien à la fin mars.

Commerzbank, détenue à 15% par l'Etat allemand, ne se lancera dans des discussions avec UniCredit que si elle est certaine de parvenir à un accord, ont déclaré deux sources, ajoutant que le groupe ne pouvait pas se permettre d'essuyer un nouvel échec.

Les deux banques doivent présenter d'ici la fin de l'année aux investisseurs leurs nouvelles stratégies: UniCredit le 3 décembre et Commerzbank probablement début octobre. Elles devront notamment les rassurer sur leurs futurs relais de croissance après des années de restructuration.

L'action UniCredit a terminé en baisse de 1,66% à 10,45 euros à la Bourse de Milan. Le titre Commerzbank a cédé 0,62% à 6,118 euros à Francfort. L'indice sectoriel des banques européennes a abandonné 0,78%.

(Avec Andreas Rinke et Hans Seidenstücker; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Pamela Barbaglia et Gianluca Semeraro