Celui qu'on appelle le gourou des commodities a synthétisé en une formule choc ses orientations d'investissement : « La vie à la ferme va créer plus de riches dans les années à venir que ceux qui suivent les tendances de Wall Street ». Il s'explique : « Tous ces gens titulaires d'un MBA font une erreur. La City londonienne et Wall Street ne sont pas les endroits où investir durant les 20 à 30 prochaines années. La fortune sourira à ceux qui produisent de vrais biens de consommation, les fermiers et les mineurs ».

Dans tous les cas, il voit son calcul gagnant : « Si l'économie mondiale se porte mieux, les prix des matières premières vont augmenter parce qu'il y aura des pénuries. Si l'économie mondiale ne va pas mieux, il faut posséder des matières premières parce que les banques centrales vont continuer à faire tourner la planche à billets, une action inflationniste à terme. Dans ces conditions, seuls les actifs réels peuvent protéger les investisseurs ».

Au passage, il n'a pas pu s'empêcher de réaffirmer que l'euro ne survivrait pas à la crise actuelle. « Je ne m'attends pas à ce que l'euro existe encore dans 10 à 15 ans parce que les dirigeants européens continuent d'agir de la mauvaise façon, en renflouant les Etats les plus fragiles, ce qui mine la valeur de l'euro ». Dans sa chronique à CNBC, il a ainsi considéré « moralement condamnable » le sauvetage de l'Irlande, qui relève de la « mauvaise gestion économique ». Il va même plus loin : « Soutenir les Etats et plein de banques et de sociétés zombies ne fonctionnera pas ».

La Federal Reserve n'est pas épargnée par Jim Rogers. Son patron, Ben Bernanke « n'a rien compris » à la situation actuelle, « tout ce qu'il comprend c'est imprimer des billets », dit-il. Pire, ce monsieur « dit des bêtises à chaque fois qu'il ouvre la bouche ». La politique inflationniste de la Fed est jugée « catastrophique », et sa présentation des statistiques sur les prix rien moins que « scandaleuse ».

De fait, la Fed privilégie des indices sous-jacents, excluant les prix de l'énergie et des produits alimentaires, orientés à la hausse. S'il n'a pas de mots assez durs pour fustiger la politique monétaire américaine, Rogers concède qu'elle l'arrange, en faisant grimper la valeur de son portefeuille. En somme, son message semble être : continuez comme ça et on va dans le trou... et laissez moi m'enrichir sur vos erreurs !