Souhaitant lui aussi bénéficier de l'essor du e-commerce, Richemont disposait d'un trésor de guerre de 1,4 milliard d'euros à fin 2009. Le timing est donc bien choisi pour tenter de s'engouffrer dans la vente en ligne de produits de luxe, un créneau encore peu développé : selon une étude Precepta, le web ne pèse que 3% du chiffre d'affaires mondial du luxe, une part qui pourrait atteindre 4,7% dès l'an prochain. Soit 7 milliards d'euros tout de même.

Les actionnaires de la Compagnie Financière Richemont ont ainsi plébiscité (à 80%) le principe d'une OPA sur Net-a-porter.com. Le propriétaire de nombreuses marques de luxe (Cartier, Lancel, Chloé, Piaget, etc.), qui détient un tiers du capital de Net-a-porter, va lancer une offre amicale sur la totalité du capital qu'il ne contrôle pas encore. L'offre de Richemont, inconditionnelle depuis le 1er avril, valorise sa cible 395 millions d'euros.

Un catalogue prestigieux
Créée il y a dix ans par la Britannique Nathalie Massenet, ancienne journaliste de mode dans divers magazines américains, cette start-up internationale (Londres et New York) devrait conserver son indépendance. Nathalie Massenet, qui pourrait toucher 70 millions d'euros dans l'opération, conservera la présidence du site. Le catalogue du site recense près de 300 créateurs, dont Stella Mc Cartney, Alexander Mc Queen ou Jimmy Choo. Le détaillant de prêt-à-porter de luxe en ligne a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 134 millions d'euros.

À première vue, les synergies entre les deux groupes ne sautent pas aux yeux, seules quelques marques du groupe de Johann Rupert (Lancel, Chloé et Azzedine Alaïa) se rapprochent du fonds de commerce de Net-a-porter.com. Le géant suisse n'a rien précisé sur l'éventualité de vendre sur Internet certains de ses modèles de montres de luxe. En revanche, la nouvelle acquisition de Richemont lui confère une précieuse expérience dans la vente en ligne.