Le remaniement du conseil d'administration fait suite à la baisse des profits du groupe suisse, numéro deux mondial du luxe, largement imputable à une chute de la demande chinoise pour ses montres de prestige.

Il en a résulté des surcapacités massives dans les fabriques de montres du groupe, notamment chez Cartier, Vacheron Constantin et Piaget, qui ont entraîné des rachats de stocks, des réductions d'effectifs et le remplacement de pratiquement tous les patrons de marques.

Richemont, également propriétaire des marques Cartier, Alfred Dunhill et Montblanc, a toutefois fait état d'une reprise de la demande et d'une hausse de 12% de ses ventes à monnaies constantes sur les cinq mois à fin août, une performance légèrement meilleure qu'attendu.

Lors de l'assemblée générale du groupe organisée mercredi au Four Seasons Hotel de Genève, le président Johann Rupert, actionnaire de contrôle de Richement, n'a rien dit de la recherche d'un nouveau responsable de l'horlogerie après le départ surprise de Georges Kern en juillet.

Celui-ci, cadre de longue date de Richemont, est passé chez le concurrent Breitling quatre mois après son arrivée à son nouveau poste. Richemont venait alors d'adopter une structure de gestion non conventionnelle, remplaçant son directeur général Richard Lepeu, parti à la retraite, par un comité exécutif composé de jeunes managers.

Georges Kern avait été autrefois pressenti pour succéder à Richard Lepeu.

"On fera des annonces en novembre", s'est borné à dire Johann Rupert mercredi.

Il a ajouté que les huit nouveaux administrateurs, parmi lesquels deux femmes et son fils Anton, aideraient le conseil d'administration à guider le groupe "dans une période de grand changement", grâce notamment à leur savoir-faire en technologie et dans des domaines stratégiques comme l'e-commerce.

Une autre actionnaire a salué l'arrivée au conseil d'une jeune femme chinoise, compte tenu de l'importance de l'Asie pour le groupe. "C'est le genre de compétences qu'il faut", a-t-elle dit au sujet de Keyu Jin, qui est professeur d'économie et spécialiste de la Chine.

L'action Richemont, en baisse depuis les annonces du matin, cède 0,96% à 88,05 francs suisses à une demi-heure de la clôture.

La hausse des ventes à devises constantes est moins convaincante si on tient compte des rachats de stocks aux détaillants chinois et de Hong Kong pendant la période comparable de 2016, notent des analystes.

En excluant les rachats de stocks réalisés l'année dernière, la progression des ventes n'est plus que de 7%.

Richemont, dont le titre a gagné 30% en Bourse depuis le début de l'année, n'a fourni aucune indication sur ses résultats semestriels qui seront publiés le 10 novembre. Les analystes attendent un bénéfice en hausse d'environ 40%.

LVMH, le numéro un mondial, avait déclaré en juillet que l'environnement économique toujours incertain l'obligeait à aborder la seconde partie de l'année avec prudence après de brillantes performances au premier semestre.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Véronique Tison pour le service français)

par Silke Koltrowitz