John Elkann, le vice-président de Fiat, peut souffler. Le constructeur italien pourra racheter Chrysler, comme il l'avait prévu. Lundi 8 juin, la Cour Suprême des Etats-Unis avait, dans un premier temps, décidé de geler la reprise de ses principaux actifs par un consortium emmené par Fiat.

Le schéma imaginé devrait voir Fiat prendre 20% du capital de Chrysler (avec une option pour grimper à 35% en 2013), un fonds de gestion syndicale (UAW) 55%, tandis que les Etats canadien et américain devaient prendre 10% chacun. Le patron de Fiat, Sergio Marchionne, sera le directeur général de cette nouvelle société.

Mais le juge Ruth Bader Ginsburg a failli faire déjouer les plans de John Elkann. Saisi par des fonds de pension de l'Etat d'Indiana et des associations de consommateurs, le juge de la plus haute juridiction aux Etats-Unis a accédé favorablement à leur demande de bloquer l'opération. Les plaignants invoquent le caractère « inéquitable » de la procédure dans son traitement des créanciers garantis, et d'« inconstitutionnel » l'utilisation des fonds issus du TARP (Troubled Asset Relief Program) par le Trésor pour financer Chrysler.

A l'origine du blocage, les fonds de pension d'Indiana représentent environ 100 000 fonctionnaires, auxquels se sont associés cinq associations de consommateurs. « Les faillites de Chrysler et de GM représentent quelque 100 milliards de dollars d'actifs et le gouvernement, sans approbation spécifique du Congrès, est en train d'utiliser le système des faillites pour redistribuer des droits de propriété privée à une échelle et d'une manière encore jamais vues en Amérique », estimaient les plaignants.

Fiat bientôt aux Etats-Unis
Mais la Cour Suprême allait vite se raviser. Dès le lendemain, elle refusait de se saisir du dossier, estimant que « les circonstances ne justifiaient » pas le report de l'opération. « La suspension ordonnée par la juge Ginsburg n'a plus lieu d'être », a ajouté la Cour.

Pour John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli, c'est une occasion inespérée de pénétrer le marché américain. Fiat devra toutefois bien cibler les modèles qu'il compte proposer outre-Atlantique, la Fiat 500 risquant d'être un peu étroite pour les Américains, férus de vans, pick-up et autres monospaces.