John Elkann sera appelé courant novembre à témoigner dans le cadre du procès Fiat en Italie. L'héritier de la famille Agnelli, s'il n'est pas directement mis en cause, sera au centre des débats.

Petites rappel des faits
En 2005, après quatre années de pertes successives, Fiat est au bord du gouffre et la famille Agnelli, fondatrice de l'empire automobile, pourrait en perdre le contrôle. Pour rembourser un emprunt de 3 milliards d'euros, Fiat ne veut pas puiser dans ses liquidités et choisit de procéder à une augmentation de capital réservée aux banques créancières.

Si l'affaire s'était arrêtée là, la famille Agnelli aurait perdu sa mainmise sur Fiat au profit du pool bancaire. Mais pour la célèbre famille, véritable institution au-delà des Alpes, il était hors de question de perdre le contrôle sur le constructeur centenaire. La famille avait alors conclu un accord avec Merrill Lynch, la banque s'engageant à lui revendre la quasi-totalité des 10% du capital qu'elle avait acquis.

Avec une participation de 30%, les Agnelli sécurisaient leur position de contrôle sur Fiat.

Rien d'illégal jusqu'ici, mais la justice italienne est allée plus loin. Les magistrats ont ouvert une procédure pour manipulation de cours contre deux holdings (Giovanni Agnelli & C. Sapaz et IFIL Investments SpA), et deux conseillers de la famille Agnelli (Gianluigi Gabetti et Franzo Grande Stevens).

Ces derniers, au cours de deux déclarations à la presse, le mois précédant l'opération, n'ont pas mentionné l'accord avec Merrill Lynch. Du coup, le public a pensé que la famille Agnelli tenterait de conserver le contrôle de Fiat en rachetant des titres sur le marché libre... et les cours ont alors artificiellement monté.

L'affaire qui sera bientôt jugée au « Bunker », le tribunal de Turin, tombe assez mal pour Fiat qui est déjà bien occupé à intégrer les 20% du capital de Chrysler acquis en juin dernier.

Dans le procès qui débute, les deux conseillers des Agnelli risquent jusqu'à six ans de prison et 3 millions d'euros d'amendes, tandis que les deux filiales incriminées risquent chacune une amende d'un million et demi.

En 2007, la Commission boursière italienne (Consob) avait pris une sanction administrative condamnant Gianluigi Gabetti, Franzo Grande Stevens et un troisième cadre dirigeant à une amende de 6,3 millions d'euros, un montant depuis confirmée en appel. Merrill Lynch a pour sa part écopé d'une amende de 250 000 euros dans l'affaire.

Pour mémoire, rappelons que les Agnelli sont déjà au cœur d'une autre affaire judiciaire au parfum de querelle familiale. Il y a deux ans, la mère de John Elkann, Margherita Agnelli de Pahlen, a intenté un procès à Gabetti et Grande Stevens, leur reprochant de l'avoir spoliée d'une partie de son héritage en ne révélant pas la totalité de la fortune du patriarche, Gianni Agnelli, placée hors d'Italie.

Margherita s'était alors aliénée l'ensemble de la famille, y compris sa propre mère. John Elkann était resté relativement neutre tout en regrettant la démarche entreprise par sa mère. Mais évidemment, à force de parler dans la presse de fortunes placées off-shore, ce qui devait arriver arriva... et le fisc italien ouvrit une enquête, encore menée aujourd'hui.

Un procès à rebondissements
Les deux conseillers incriminés, qui ont littéralement formé le jeune John Elkann, ont préparé leur défense. Selon eux, ils n'avaient aucune raison de confier à la presse le projet d'échange de titres avec Merrill Lynch, le board de Fiat ne l'ayant pas encore validé à cette date.