La semaine dernière, personne n’a pu échapper à la chute du cours des principaux produits de base. Les cours des métaux de base se sont repliés de 6% à 10%, les grains de 3,5% à 6%, le coton de 11%. Le pétrole n’a pas été épargné. Alors que le baril atteignait 126 dollars la semaine dernière, il a plongé de façon spectaculaire à moins de 110 dollars jeudi dernier. Le marasme le plus choquant a été subi par l’argent avec une chute de plus de 30% en une semaine. Quelques jours auparavant, il se négociait aux alentours de 50 dollars. Jeudi, il atteignait à peine les 35 dollars. Il s’agit de la plus forte chute depuis les années 1980 !

Ces diminutions sont survenues alors que les marchés attendaient la publication des chiffres de l’emploi américain. Pessimistes, les analystes ont anticipé une croissance de l’emploi faible et ont craint un ralentissement de la croissance économique aux États-Unis et partout dans le monde. Cette anticipation négative sur les perspectives économiques des Etats-Unis ont conduit à la déroute.

Oui mais voilà, les données de l’emploi aux Etats-Unis ont surpris. Le gouvernement a en effet déclaré vendredi que l’économie américaine avait créé 244 000 emplois en avril alors que le consensus tablait sur un chiffre de 185 000. Le renforcement des perspectives économiques a immédiatement rassuré les investisseurs. Conséquence instantanée vendredi : le pétrole a rebondi.

Cité par CNN Money, Phil Flynn, analyste de marché à PFG Best, s’exclame « Les prix du pétrole ont de quoi rendre fou. Nous avons eu une énorme correction parce que tout le monde était préoccupé par le ralentissement de l’économie et l’affaiblissement de la demande. Mais finalement le rapport d’emplois est bon, les gens se disent que peut être la demande va redémarrer et le pétrole rebondit. » La question est de savoir si cette semaine de correction tient d’un phénomène ponctuel ou si elle traduit la fin du cycle de super hausse des matières premières.

Or : faut-il vendre ou acheter ?
Pour répondre à cette question, nous allons nous baser sur l’avis de deux experts : Georges Soros et John Paulson. Et le moins que l’on puisse dire c’est que nos deux barons ont des opinions bien différentes. Alors que George Soros, pariant sur une bulle spéculative, a vendu une grande partie de son stock d’or, John Paulson, convaincu de la poursuite de la hausse du métal précieux, a déclaré cette semaine en détenir encore beaucoup.

Pour John Paulson, l’or pourrait atteindre 4 000 dollars l’once au cours des trois à cinq prochaines années. Il estime que le prix de l’or va continuer à augmenter car il s’agit d’une valeur refuge, sorte de couverture contre l’inflation.

Pour George Soros, le cours de l’or ne peut plus continuer son ascension vertigineuse. Lors du Forum économique de Davos, il avait expliqué que « Lorsque les taux d’intérêt sont bas, les conditions pour qu’une bulle d’actifs se développe sont réunies. Et à l’heure actuelle elle se développe. La bulle des actifs ultime c’est l’or. »

Quel avenir pour les matières premières ?
Pour les analystes de la Société Générale et de Goldman Sachs, les prix des matières premières vont redescendre du fait de la fin de la politique monétaire accommodante aux Etats-Unis. La fin du QE2 (deuxième série de mesures d’assouplissement quantitatif) pourrait en effet annoncer la fin du marché haussier des matières premières.

Les principaux facteurs de bulles de prix des produits de base sont la liquidité excessive induite par une politique monétaire expansionniste. La politique de taux d’intérêt bas mise en place par les banques centrales, créatrice de liquidité, est un facteur important dans l’augmentation des prix des produits de base.

Si les banques centrales mettent fin à l’assouplissement quantitatif, les anticipations d’inflation vont baisser ce qui va pénaliser la demande de produits de base considérés comme refuge face à l’inflation. Cette baisse de la demande induira ainsi une baisse des cours des matières premières.

Pour d'autres, l’accroissement du niveau de vie et de la demande de biens de consommation des populations de Chine, d’Inde et d’autres économies émergentes va continuer de faire grimper le cours des matières premières. Certains prévoient ainsi que les prix des produits de base comme l’huile, le café, le cuivre et le cacao pourraient au moins doubler dans les 20 prochaines années.

Pauline Raud