Depuis le début de l'année, nous assistons à une volatilité croissante des performances des fonds spéculatifs. Nos barons sont confrontés depuis quelques mois à une série noire. Même les stars des fonds spéculatifs, à l’instar de John Paulson, Louis Bacon ou David Einhorn qui affichent un « track record », se sont fait dépasser.

Les gestionnaires de fonds spéculatifs ont rencontré des difficultés à naviguer dans le contexte économique de ces six derniers mois. Il faut dire que le tremblement de terre au Japon, la catastrophe nucléaire qui s’en est suivie, la volatilité des prix, les préoccupations autour de la dette grecque et la solvabilité des autres nations européennes ont rendu la traversée houleuse. Les capitaines des hedge funds ont bu la tasse.

Série noire pour John Paulson
A commencer par John Paulson. Outre la très mauvaise opération sur la compagnie chinoise forestière Sino-Forest et sa perte de 574 millions de dollars après effondrement du cours boursier du titre, le fonds Paulson&Co a aussi dû faire face, le 30 juin, à la chute de 22% du cours du groupe alimentaire britannique Premier Foods dont il détient 12%. Sans parler de la chute de la valorisation de Citigroup et Bank of America. Comme bons nombre de fonds, John Paulson comptait tirer profit du rebond économique en pariant lourdement sur les valeurs bancaires. Or, ces deux grandes banques américaines ont vu leurs valeurs boursières chuter de 10% et 17,54% depuis janvier 2011.

Il semble clair, que la difficulté majeure rencontrée par les gestionnaires durant cette première partie de l’année a été d’évaluer correctement les montagnes russes de la reprise économique mondiale. Le dossier grec est venu assombrir un horizon déjà bien flou. La plupart des fonds n’ont pas su (voulu ?) tirer profit des difficultés de la Grèce en pariant contre la dette souveraine grecque. Les gérants, réputés pour être des vautours sans pitié, n’ont pas souhaité être diabolisés d’avantage en profitant de la misère de la nation grecque.

Et, à défaut de parier contre la dette souveraine grecque, certains fonds ont préféré parier contre l’euro en pensant que les difficultés auxquelles la Grèce était confrontée et les problèmes menaçant d’autres pays de la zone euro affaibliraient l’euro. Erreur, l’euro reste fort profitant de la faiblesse du billet vert.

Six mois pour se remettre sur pied
À l’heure actuelle beaucoup ont les yeux braqués sur John Paulson et sur la stratégie d’investissement qu’il va adopter. Jusqu’à maintenant, la plupart des investisseurs lui ont été fidèles, car il enregistrait, depuis des décennies, des plus-values moyennes annuelles de 20%.

Mais ces mauvais rendements commencent à inquiéter. Certains investisseurs pourraient bientôt réclamer leur argent ce qui forcerait les gestionnaires à liquider rapidement les positions ; besoin urgent de trésorerie oblige.

Mais l’année n’est pas finie. Nos barons ont six mois pour se refaire une santé et afficher des gains. Il suffit pour y croire de regarder les performances de William Ackman. Son fonds, Capital Pershing Square, qui affiche en moyenne un gain annuel de 19%, n’enregistre pour l’instant qu’une performance de 2,27% depuis janvier. A son habitude, les gains du fonds sont bas en début d’année puis décollent sur le deuxième semestre.

Rendez-vous, fin décembre donc !

Pauline Raud