Probité ou déraison ? Le "tout Silicon Valley" oscille entre ces deux hypothèses pour qualifier l'attitude des dirigeants d'Hewlett Packard vis-à-vis de leur brillant directeur général, Mark V. Hurd.

Suivant les recommandations du cabinet de conseil APCO – qui n'est pourtant pas connu comme un spécialiste de la communication de crise – les membres du Board ont décidé de rendre publique la nouvelle selon laquelle Mark V. Hurd était poursuivi en justice pour harcèlement sexuel par une des prestataires de HP.

Les accusations portées à l'encontre du directeur général paraissent sujettes à caution, une enquête a, en effet, déjà été menée et n'a pu apporter aucune confirmation à l'accusation.

APCO a cependant rappelé que seuls 20% des dirigeants d'entreprises "survivaient" à ce type d'accusations. Le cabinet a promis en outre des "mois d'humiliation publique" pour HP si la nouvelle avait été révélée par voie de presse.

Bévue ou Manipulation ?
Officiellement, le licenciement de Mark Hurd n'a rien à voir avec les accusations de mœurs proférées à son encontre, mais est lié à une falsification de note de frais. Après avoir constaté que Mark Hurst avait gonflé ses dépenses, les dirigeants affirment avoir agi comme avec n'importe quel employé en prononçant la sanction ultime.

Un homme n'est guère convaincu par ces justifications : le Pdg d'Oracle, Lawrence Ellison.

Ami proche de Mark Hurd, Ellison a pris sa plus belle plume pour envoyer un mail au New York Times (09/08) : "Ce que l'accusation de fraude révèle avant tout, c'est un conseil d'administration de HP désespéré, qui se rattrape aux branches pour tenter d'expliquer l'inexplicable : comment une fausse accusation de harcèlement sexuel et une insignifiante erreur de note de frais a pu conduire à la perte d'un des meilleurs et des plus respectés dirigeants de la Silicon Valley ?".

Le New York Times, qui souligne la dramatisation opérée par le cabinet de conseil APCO, donne la parole au professeur d'économie Shane Greenstein. Celui-ci n'hésite pas à évoquer à mots couverts une affaire nettement plus compliquée qu'il n'y paraît : "il manque une pièce au puzzle, parce qu'autrement, cette histoire n'a aucun sens", explique-t-il.