La Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCU) a pour objectif de numériser 100.000 ouvrages. Le directeur de la BCU Hubert Villard s'est réjoui de l’opération, puisque – selon lui - son institution reste la seule du domaine francophone à frayer avec Google.

Toutefois, son homologue de Gand, associée au programme comme celles d'Oxford, Madrid ou de Bavière, propose aussi des ouvrages en français. Au total, Google compte digitaliser 300.000 livres de la bibliothèque de l'université de la Cité belge. Il s'agit de la première bibliothèque à permettre la consultation d'une partie de sa collection en ligne … affirme la presse locale.

La volonté d’offrir ce type de fonctionnalité aurait été à l’origine même de la création de Google, si l’on en croit son responsable des partenariats européens, Santiago de la Mora. Les fondateurs Larry Page et Sergey Brin auraient été en effet poussés initialement par la volonté de mettre au point un moteur de recherche global pour les livres, le résultat de leurs travaux ayant donné naissance à Google.

Bibliothèqueenligne.com

Lancée en 2004, la recherche de livres repose sur deux piliers. L'un vise les éditeurs, qui peuvent référencer leurs publications et joindre une partie du texte en accès libre. Certains mettent même la totalité des textes car, assure Santiago de la Mora, « il existe une corrélation entre les pages feuilletées à l'écran et l'achat de livres ». Les bibliothèques peuvent aussi s'y associer, si elles proposent au moins 100.000 volumes.

Ceux qui sont libres de droits sont proposés en plein texte ou PDF, avec une fonction de recherche dans le texte et des gadgets. Au printemps 2007, la BCU avait fait sensation en annonçant son accord avec Google. Conduisant un projet de bibliothèque numérique européenne, Europeana, la Bibliothèque nationale de France avait d'ailleurs été ulcérée par cette brèche ouverte dans le paysage francophone.

C’est aussi pourquoi, Google sait faire preuve de prudence en la matière tant en Suisse qu’en Belgique, souhaitant éviter tout problème de propriété intellectuelle. Sont exclus les plus beaux livres, ceux qui sont trop usés ou de format non standard. Par sécurité, dit Santiago de la Mora, la firme reste très évasive sur le lieu où se fait la numérisation - en fait, en Grande Bretagne.

L'institution lausannoise ne paie que la préparation des lots: Google prend tout le reste à sa charge. Soit une prestation de près de 15 millions de francs offerte à la BCU, qui reçoit une copie numérique de chaque ouvrage, dont elle peut faire usage comme bon lui semble. Ou presque: elle ne peut pas la mettre « massivement à disposition d'un concurrent de Google ». Ce qui exclut une participation à Europeana…

Marché émergent

Dans la course à la numérisation de contenus, Google dépense de grosses sommes à perte, du moins à première vue. La firme ne demande même pas de commission sur les liens vers des librairies en ligne, indiqués à côté d'un ouvrage.

Car cette démarche, qui devrait faire « qu'aucun livre ne meurt », incarne l'intérêt de Google pour « l'organisation de l'information et l'accès à la connaissance, y compris pour les contenus hors ligne », indique Santiago de la Mora, lequel compare l'initiative à Google Earth.

Autrement dit, le programme permet d'élargir le périmètre de la marque ainsi que le nombre de ses fidèles, donc d'accroître ses recettes publicitaires… Ne rêvons pas…