PARIS (Agefi-Dow Jones)--Dans la tempête depuis les révélations voilà un an du livre "Les Fossoyeurs", Orpea semble enfin entrevoir la lumière au bout du tunnel. Après d'âpres négociations, le gestionnaire d'Ehpad a annoncé mercredi avoir trouvé un accord de principe avec la Caisse des dépôts (CDC) et une partie des créanciers de l'entreprise, au dépens de ses actionnaires.

La CDC, bras armé de l'Etat, qui est accompagnée des assureurs CNP Assurances, MAIF et MACSF, injecteront au total 1,36 milliard d'euros dans Orpea, qui croûle sous le poids d'une dette de 9,5 milliards d'euros. En contrepartie, la CDC et ses partenaires détiendront 50,2% du capital d'Orpea et contrôleront son conseil d'administration.

De leur côté, les créanciers présents à la table des négociations ont accepté de convertir 3,8 milliards d'euros de dettes non sécurisées en actions. Selon les termes du plan, ils ne devraient récupérer qu'environ 30% de leur mise mais 49,4% du capital.

La facture est encore plus salée pour les actionnaires existants qui perdent quasiment tout. S'ils ne participent pas aux augmentations de capital prévues, ils ne détiendront plus que 0,4% du capital.

Repli relativement limité du titre

A cet égard, la chute du cours de Bourse d'Orpea mercredi apparaît limitée. En début d'après-midi, le titre perdait 13,2% à 6,18 euros, après avoir plongé de plus de 30% dans les premiers échanges.

Selon un analyste basé à Paris, l'accord de restructuration financière, massivement dilutif, conclu avec la Caisse des dépôts et les créanciers du groupe devrait pourtant susciter la panique d'actionnaires quasiment rayés de la carte.

"Je suis interloqué par la faible réaction boursière du titre à l'annonce d'une dilution aussi massive. Une fois le plan achevé, le nombre d'actions Orpea passera de 64 millions à environ 16 milliards. Au cours du jour, cela porterait la capitalisation boursière du groupe à plus de 100 milliards d'euros", souligne cet analyste. Un montant bien loin de ses propres estimations. "En prenant l'hypothèse que le plan de restructuration aille à son terme, Orpea pourrait valoir entre 4 et 5 milliards d'euros, soit environ 40 centimes par titre", ajoute-t-il.

L'accord conclu mercredi suit les contours du plan de restructuration présenté le 15 novembre par le directeur général d'Orpea, Laurent Guillot. Alors confrontée à un risque de faillite au premier trimestre 2023, la direction avait placé le groupe sous la protection du Tribunal de commerce de Nanterre, qui a désigné une administratrice judiciaire, Hélène Bourbouloux, pour trouver un accord entre les parties prenantes dans le cadre d'une procédure de conciliation.

Les négociations avaient d'abord échoué mi-janvier en raison de désaccords entre la CDC et les créanciers sur le taux de conversion de la dette en actions.

La passe de trois

Comme annoncé à l'automne, la restructuration financière devrait s'articuler en trois étapes. Orpea prévoit d'abord de lancer une augmentation de capital de 3,8 milliards d'euros, avec maintien du droit préférentiel de souscription (DPS) pour les actionnaires existants. Cette levée de fonds sera garantie par les créanciers qui ont accepté de convertir leur dette en capital.

Dans un deuxième temps, la société lancera une deuxième augmentation de capital, d'environ 1,16 milliard d'euros, destinée cette fois-ci à la CDC et à ses partenaires.

Enfin, Orpea lancera pour ses actionnaires une troisième augmentation de capital avec DPS d'environ 400 millions d'euros. Cette levée de fonds est garantie à hauteur de 200 millions d'euros par la Caisse des dépôts et ses partenaires, et pour 195 millions d'euros par les créanciers non sécurisés.

A l'issue de ces opérations, Orpea, qui compte 270.000 résidents dans ses Ehpad, disposera des "moyens financiers nécessaires pour mener à bien [son] plan de refondation", qui "vise à mettre en place un modèle d'entreprise éthique, vertueux, et de qualité répondant aux grands enjeux de l'accompagnement de toutes les fragilités et notamment de la dépendance", a souligné Laurent Guillot, cité dans le communiqué du groupe.

Sous le contrôle de la CDC, le directeur général d'Orpea aura la charge de mettre en musique le plan de redressement présenté en novembre dernier, marqué par une baisse des marges au profit du confort des résidents. C'est notamment à cette condition que la Caisse des dépôts a accepté de rentrer la danse.

-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: VLV

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February 01, 2023 07:45 ET (12:45 GMT)