La grande évasion ?

En effet, le fisc de la ville de Bellune – au Nord de Venise – vient de lui notifier un paiement pour le moins douloureux : 20,4 millions d'euros pour évasion fiscale, selon le quotidien La Repubblica (18/02)... Selon le journal, cette « évasion » aurait été organisée par l'entremise de la filiale allemande du groupe, Leofin.

Leonardo Del Vecchio a déjà annoncé qu'il allait attaquer cette décision en justice et « mettre les choses au clair . Il ajoute que cette évasion fiscale supposée, qui date de l'époque 1997-1998, ne serait que la conséquence de la réorganisation des filiales du groupe en Allemagne, ce dont il n'aurait tiré aucun profit. « Cette affaire n'a rien à voir avec Luxotica ni avec Beni Stabili », s'emporte-t-il.

Berni Stabili est une société foncière italienne dans laquelle Leonardo Del Vecchio détenait des parts via son holding familial Delfin. Delfin a cédé ses actions l'année dernière, lorsque le groupe français Foncière des Régions a racheté jusqu'à 68% du capital de sa consoeur italienne.

Luxottica, un succès bien en vue

Pas de doute, Luxottica est un groupe international. La société a été fondée en 1961 dans la petite ville d'Agordo, au Nord de l'Italie. Il s'agissait au départ de l'équivalent d'une SARL qui emploie alors une dizaine de personnes dans la fabrications de pièces pour lunettes, cherchant à s'éloigner du métier traditionnel de la fonderie. Un « équipementier lunetier », en quelque sorte. A partir de 1967, la société fabrique et commercialise des lunettes sous sa propre marque.

Déjà aux commandes à cette époque, Leonardo Del Vecchio (né en 1935) capitalise sur son expérience dans la production de montures. Il récuse l'idée de sous-traiter une partie de sa production, partant du principe que cela ne permet pas d'innover les processus de production, et que la qualité du produit passe par sa fabrication d'un bout à l'autre. Les usines plasturgiques sont ainsi toujours localisées dans le Nord de l'Italie.

Ainsi Luxottica est-il devenu un producteur de montures « haut de gamme » en intégrant l'ensemble de la chaîne de valeur, de la fabrication à la vente de gros, car il maîtrise aussi ce maillon de la chaîne... Ce qui permet au groupe de réaliser aujourd'hui près de 5 milliards d'euros de ventes, et d'être coté en Bourse de Milan – ville où est situé son siège social – comme à New York. Car les Etats-Unis représentent les deux tiers des ventes du marché italien.