Third Point, dirigé par l'investisseur milliardaire Daniel Loeb, a décidé de cibler le fabricant des lunettes Ray-Ban, déstabilisé par des luttes de pouvoir après la fusion l'an dernier entre le géant français des verres optiques Essilor et le lunetier italien Luxottica.

Présentée comme une fusion ente égaux, cette opération a dégénéré en conflit sur le contrôle entre le fondateur de Luxottica, Leonardo Del Vecchio, et le président d'Essilor, Hubert Sagnières.

Les deux parties ont annoncé une trêve en mai, qui n'a toutefois pas tout à fait clos la période d'incertitude pour le numéro un mondial des lunettes et verres optiques, toujours à la recherche d'un nouveau directeur général susceptible de réaliser le programme de 600 millions d'euros d'économies annuelles promis par le groupe.

Third Point a rencontré Leonardo Del Vecchio, qui est maintenant le président exécutif de EssilorLuxottica et qui détient environ un tiers de la société, selon deux des sources.

Les détails de cette rencontre et le niveau de la participation de Third Point dans EssilorLuxottica ne sont pas connus.

Third Point, EssilorLuxottica ainsi qu'un représentant de Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio, ont refusé de commenter ces informations.

Leonardo Del Vecchio et Hubert Sagnières ont enterré la hache de guerre en mai dernier, décidant ainsi de déléguer à leur bras droit respectif, à savoir Francesco Milleri et Laurent Vacherot, la responsabilité de mettre en œuvre la stratégie et le processus d'intégration d'EssilorLuxottica.

Dans un souci d'apaisement, ces derniers ont indiqué aussitôt qu'ils ne brigueraient pas le poste de directeur général, qui doit être trouvé d'ici à la fin de 2020.

Signe d'un certain retour à la confiance, EssilorLuxottica a annoncé le mois dernier l'acquisition du groupe d'opticiens néerlandais GrandVision pour un montant de 7,2 milliards d'euros.    Third Point, qui gère quelque 15 milliards de dollars d'actifs, s'est déjà attaqué à de grands groupes internationaux comme Sony, qu'il a invité à scinder ses activités de divertissement et de semi-conducteurs en des entités séparées et à vendre notamment ses participations dans Sony Financial.

    Il a également exhorté United Technologies à renoncer à son projet de fusion avec l'équipementier américain de défense Raytheon. Il a annoncé toutefois début août avoir réduit sa participation dans United Technologies.

(Svea Herbst-Bayliss à Boston et Claudia Cristoferi à Milan, avec les contributions de Matthias Blamont à Paris et Pamela Barbaglia à London, version française Jean-Michel Bélot)

par Svea Herbst-Bayliss et Claudia Cristoferi