Selon le portrait tracé par Forbes, Li Ka-shing est le onzième homme le plus riche de la planète, avec une fortune de 26,5 milliards de dollars. Et du haut de ses 83 printemps, l'homme contemple l'Empire du Milieu dont il est le plus riche ressortissant.

La légende de Li Ka-shing se confond très exactement avec celle de Hong-Kong. Héros d'une « success story » à la chinoise, Li Ka-shing est arrivé en tant qu'immigrant désargenté dans la cité-État, alors sous tutelle britannique. À l'instar de nombreux compatriotes, il fuyait la guerre civile qui opposait alors les communistes de Mao Tsé-toung aux nationalistes de Tchang Kaï-chek.

Après quelques années difficiles, Li Ka-shing commence à profiter du boum économique de la ville. Hong Kong abrite à la fois une grande masse de travailleurs pauvres et de nombreux Chinois aisés qui ont fui le communisme avec leurs fortunes. Les premiers travailleront dans les usines que les seconds contribueront à créer avec leurs investissements massifs.

Après s'être constitué une rondelette fortune dans le plastique, Li Ka-shing va bénéficier d'une opportunité unique, qui marquera à jamais son destin et celui de Hong-Kong. En 1979, il rachète à HSBC les 22% que la banque détenait dans le groupe Hutchison Whampoa, une "hong", une de ces sociétés chinoises aux capitaux exclusivement anglais.

Li, incontournable "Superman"
Un véritable traumatisme pour toute la bonne société britannique de Hong-Kong qui s'était efforcée jusqu'alors de ne jamais perdre le contrôle d'une de ces sociétés... et qui la voyait partir entre les mains d'un "vendeur de fleurs en plastique". Un véritable vent d'espoir pour le peuple de Hong-Kong qui voyait pour la première fois un Chinois reprendre un de ces fleurons.

Pourtant, aujourd'hui, l'image que le peuple de Hong-Kong se fait de Li Ka-shing n'est pas forcément flatteuse. À l'échelle du globe, le conglomérat Hutchison Whampoa est déjà impressionnant : il est le premier opérateur portuaire mondial et opérateur télécom majeur en Europe et en Asie.

Mais à Hong-Kong, Li Ka-shing est omniprésent : supermarchés, pharmacies, promotion immobilière, propriétaire de la compagnie d'électricité locale... Li Ka-shing est partout. À lui seul, il représente 15% de la capitalisation totale de la bourse de Hong-Kong.

À chaque fois qu'ils sortent leur porte-monnaie pour s'acheter quelque chose, les habitants de Hong-Kong savent qu'ils ajoutent quelques centimes de dollar dans la poche de l'ami Li... de quoi en tirer un certain agacement.

À la pêche aux actifs "pourris" ?
Quoi qu'il en soit, et malgré son âge vénérable, Li Ka-shing ne reste pas enfermé dans sa tour d'ivoire. Il vient de faire un mouvement qui n'a pas manqué d'intriguer. Sa fondation caritative (?) et le fonds souverain de Singapour viennent d'investir conjointement 15 millions de dollars dans la jeune société new-yorkaise SecondMarket.

Crée en 2004 - donc bien avant la crise financière - cette compagnie se présente comme une sorte de marché de l'occasion des actifs... invendables. Dans ses rayons on peut trouver des droits sur la faillite de Lehman Brothers, des titres basés sur des prêts hypothécaires et toute autre catégorie d'actifs très peu liquides.

Uniquement centrée sur les États-Unis, il semble que ces deux investissements annoncent l'arrivée de SecondMarket sur les marchés asiatiques. À suivre.