PARIS (Reuters) - Luca de Meo, directeur général de Renault depuis six mois, présentera jeudi un plan stratégique très attendu axé sur la différenciation entre les marques et sur l'offre électrique, avec au passage un clin d'oeil au passé de la marque au losange pour tenter de relancer un groupe en crise, ont dit à Reuters deux sources du constructeur.

Après le volet restructuration pour réduire les coûts, l'ancien patron de Seat va maintenant dévoiler en détail sa vision pour le futur du constructeur automobile français.

"Il va faire plusieurs clins d'oeil à un passé prestigieux de Renault, mais c'est une révolution qu'il prépare pour l'avenir", a dit une des sources.

Une des attractions du plan sera la présentation d'une 4L et d'une R5 ou Super Cinq de nouvelle génération, toutes deux électriques, revival de deux best-sellers des années 1960 aux années 1990.

En septembre dernier, Luca de Meo n'avait pas caché non plus son attachement au slogan "Des voitures à vivre", ressuscité à Noël pour une campagne publicitaire accompagné du titre "Johnny and Mary" de Robert Palmer, indissociables de l'image de Renault jusque dans les années 2000.

Mais au-delà, la "Renaulution" du nouveau directeur général se projette à un horizon de sept à huit ans et vise à redonner d'ici-là une image plus distincte à chacune des marques Renault, Dacia, Alpine et Lada.

"TRÈS CENTRÉ SUR LE PRODUIT"

"Luca de Meo est très centré sur le produit et son plan le sera aussi", a ajouté l'autre source.

Pour endiguer des pertes record, il a déjà indiqué qu'il entendait aussi recentrer le groupe sur les segments et les zones géographiques qui lui réussissent le mieux, tournant le dos à l'expansion tous azimuts menée par son prédécesseur Carlos Ghosn.

Il prévoit de réduire l'offre au sein des gammes et des produits d'environ 30%, tournant par exemple le dos à "l'échec de l'Espace", comme il l'a dit en septembre, tout en introduisant de nouvelles silhouettes - notamment les crossovers coupés qu'il affectionne - en optimisant les architectures communes entre Renault et Nissan, ou entre Dacia et Lada.

Renault veut aussi capitaliser sur son expérience dans l'électrique, où il fut avec son partenaire japonais un précurseur dix ans plus tôt.

Il va ainsi étendre rapidement son offre sur ce segment devenu stratégique face au durcissement des normes d'émission et des contraintes en zone urbaine.

Selon les sources, Luca de Meo prépare notamment l'arrivée d'un nouveau mini-quadricycle électrique Twizy pour la filiale d'autopartage Mobilize et, à l'autre bout de la gamme, le déploiement de trois nouvelles Alpine électriques dans le sillage de l'actuelle bolide A110 à moteur essence.

Une porte-parole de Renault a refusé de faire un commentaire.

(Edité par Jean-Philippe Lefief)

par Gilles Guillaume