Renault étudie plusieurs options pour faire la jonction avec la 5e génération de sa Mégane, un modèle appelé à jouer un rôle central dans la stratégie de redressement de Luca de Meo et qu'il entend transformer d'une berline classique en un crossover, ont dit à Reuters trois sources proches du dossier.

Deuxième modèle le plus vendu du groupe au losange en 2019, si l'on inclut la déclinaison monospace Scenic, la Mégane est souvent revenue dans la bouche du nouveau directeur général comme un symbole des racines que le constructeur français doit retrouver au coeur d'un segment C - celui des voitures compactes type Volkswagen Golf - plus rentable que les petites voitures.

"Les discussions battent encore leur plein et ça bouge beaucoup, mais à côté de la version berline classique, on s'oriente clairement vers une version crossover", a dit une source de Renault briefée sur les projets en cours. "Luca de Meo veut développer des carrosseries un peu différentes pour rajouter de la valeur."

Une porte-parole de Renault a refusé de faire un commentaire.

L'actuelle Mégane quatrième génération, lancée en 2016, n'en n'est qu'à la moitié ou aux deux-tiers de son existence comme le prouve son actuel restylage accompagné de nouvelles motorisations hybrides.

Pour préparer et occuper le terrain jusqu'à l'arrivée d'une remplaçante convertie aux lignes surélevées et coupées des SUV, Renault peut d'abord compter sur l'arrivée en Europe au premier semestre 2021 du crossover compact Arkana inauguré en Russie.

Selon deux des sources, il sera dans un premier temps importé de Corée du Sud et pourrait être ensuite assemblé en Espagne ou en Turquie.

Suivra en 2022 ou 2023 le véhicule répondant au nom de code "BCB", cousin du crossover électrique Ariya de Nissan et attribué à l'usine de Douai (Nord).

Enfin, pour faire coïncider les cycles produit, Renault peut aussi opter pour une prolongation de la durée de vie de l'actuelle Mégane. "Il pourrait y avoir une Mégane 'long life', le temps de faire la nouvelle", a ajouté la première source.

Citroën, dont l'un des patrons, Arnaud Belloni, vient de rejoindre Renault, avait fait de même avec sa C4 Cactus, modèle de transition entre la berline classique et le crossover de dernière génération. et.

La stratégie de Luca de Meo, l'ancien patron de Seat (Volkswagen ), dévoilée récemment dans un mémo interne et qui sera présentée en détail en janvier prochain, vise à recentrer Renault sur ses produits et ses pays les plus profitables.

Outre une vaste offensive à venir dans l'électrique, la Mégane doit jouer un rôle clé sur le plus gros segment de marché en Europe si on l'additionne les berlines et les SUV.

En revanche, les grandes voitures Espace et Talisman n'auront pas de descendance immédiate tandis que le groupe cessera de commercialiser à l'étranger des modèles Dacia sous la marque Renault, pour ne pas disperser ses forces et contribuer à son objectif drastique de réduction de la diversité des gammes et des produits d'environ 30%.

(Gilles Guillaume, édité par Henri-Pierre André)

par Gilles Guillaume