FRANCFORT (Reuters) - Commerzbank, en pleine restructuration, a agréablement surpris les investisseurs jeudi en prédisant un retour à la rentabilité dès cette année après un bénéfice net meilleur que prévu au troisième trimestre.

Les résultats trimestriels de la banque allemande ont été soutenus par une baisse des provisions pour créances douteuses constituées pour amortir les retombées de la pandémie de COVID-19, ainsi que par une baisse des coûts.

Société Générale et ING ont également annoncé jeudi des bénéfices supérieurs aux attentes, là encore avec la reprise de provisions constituées pour des pertes sur prêts qui ne se sont pas matérialisées.

L'action de Commerzbank grimpait de 5,8% vers 10h15 GMT à la Bourse de Francfort, tandis que SocGen gagnait 2,16% à Paris et ING 1,11% à Amsterdam.

La perspective d'un bénéfice annuel pour Commerzbank en 2021 constitue une victoire pour son nouveau président du directoire, Manfred Knof, qui a rejoint la banque au début de l'année pour mener à bien une restructuration de 2 milliards d'euros, qui implique des centaines de fermetures d'agences et 10.000 suppressions d'emplois.

"Malgré les dépenses de restructuration, nous prévoyons un résultat net positif pour l'ensemble de l'année", a déclaré Manfred Knof.

Les analystes s'attendaient jusqu'à présent à ce que Commerzbank termine encore l'année dans le rouge, à hauteur de plus de 100 millions d'euros, et ne renoue avec le bénéfice que l'année prochaine, après une perte de 2,9 milliards d'euros en 2020 en raison de coûts de restructuration.

DEMANDES DE HAUSSES DE SALAIRES

Commerzbank a essuyé de nombreux revers ces dernières années : les négociations en vue d'une fusion avec Deutsche Bank ont échoué et la banque a été retirée du DAX, l'indice phare de la Bourse de Francfort. L'année dernière, l'un de ses principaux actionnaires, Cerberus, a lancé une campagne pour réclamer du changement au sein de la banque, ce qui a abouti à un remaniement de la direction et au vaste plan de suppressions d'emplois.

Commerzbank, dont l'Etat allemand est toujours actionnaire après l'avoir renflouée pendant la crise financière de 2008-2009, a perdu environ 2 milliards d'euros entre 2009 et l'année dernière.

La banque a précisé qu'elle était à mi-chemin de ses réductions d'effectifs mais qu'elle devait également faire face à des demandes de hausse des salaires dans un contexte de forte inflation.

Une grève d'une journée est prévue la semaine prochaine à l'appel des syndicats qui réclament des augmentations de salaires de 4,5% pour les employés du secteur bancaire.

Malgré une baisse des provisions au cours du trimestre à 22 millions d'euros contre 272 millions d'euros il y a un an, la directrice financière de Commerzbank, Bettina Orlopp, a déclaré aux analystes que la banque n'était pas encore sortie d'affaire.

La fin des aides gouvernementales accordées face à la pandémie entraînera une hausse des défaillances d'entreprises au prochain trimestre, a-t-elle ajouté.

(Avec la contribition de Rachel Armstrong, Matthieu Protard et Toby Sterlin; version française Kate Entringer, édité par Bertrand Boucey)

par Tom Sims et Frank Siebelt