(Actualisation: commentaires d'analystes, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--La Bourse n'aurait-elle pas parfois le bec trop fin ? Le spécialiste de la restauration collective Sodexo perdait 1,6%, à 88,90 euros, vendredi midi, malgré la publication d'un chiffre d'affaires supérieur aux attentes au premier trimestre de son exercice et la confirmation de ses objectifs annuels. Le groupe bénéficie du moindre recours au télétravail, de la forte reprise de l'événementiel et de sa capacité à relever ses prix.

"La sanction boursière est violente, cette bonne publication ne mérite pas cela", commente un analyste. Ce repli pourrait s'expliquer selon lui par des prises de bénéfices, alors que le titre a bondi de 27% en six mois, selon FactSet. Dans une moindre mesure, l'analyste estime que le marché pourrait sanctionner la prévision par le groupe d'un ralentissement de la croissance au second semestre, l'effet reprise post-Covid s'estompant. Pour autant, souligne l'analyste, "les objectifs sont confirmés et le titre reste bon marché".

A cet égard, JPMorgan a calculé que le titre se négociait jeudi soir selon un multiple de valeur d'entreprise sur Ebitda attendu en 2024 de 8,6, contre 9,4 en moyenne pour les cinq dernières années avant la pandémie.

La banque américaine, ainsi que Stifel et RBC, ont salué le bon début d'année de Sodexo. Pour JPMorgan, cette publication "laisse une impression encourageante, fournissant une preuve supplémentaire de l'amélioration des ventes du groupe et de sa rentabilité".

Pour l'exercice 2022-2023, Sodexo prévoit toujours une croissance interne, soit à taux de change et périmètre constants, comprise entre 8% et 10% sur un an, et une marge d'exploitation proche de 5,5% à taux de change constants, contre 5% lors du précédent exercice. Le groupe retrouverait son niveau d'activité et ses marges pré-Covid.

A titre de comparaison, son principal concurrent, le britannique Compass, avait annoncé fin novembre prévoir une croissance interne d'environ 15% et une marge d'exploitation supérieure à 6,5% au titre de son exercice 2023 clos fin septembre.

Au cours du trimestre allant de septembre à novembre, Sodexo a réalisé un chiffre d'affaires de 6,33 milliards d'euros, en amélioration de 20,2% en données publiées. En variation interne, les revenus ont grimpé de 12,3%.

Selon le consensus compilé par Sodexo, les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 6,17 milliards d'euros, en croissance interne de 11,3%.

L'inflation sous contrôle

"Nous continuons de maîtriser l'inflation grâce à de nombreuses mesures: indexation, hausses de nos prix, négociations avec les clients et aussi productivité ou encore substitution de produits", a souligné le directeur financier du groupe, Marc Rolland, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Concernant la gestion des contrats publics en France, Marc Rolland a cependant confirmé des discussions difficiles avec certaines mairies: "De nouveaux rounds de renégociation de contrats débutent en janvier. Les entreprises du secteur ont réussi à passer 4,5% d'augmentation alors qu'il aurait fallu répercuter 9% pour absorber l'inflation. Si les négociations venaient à échouer, nous pourrions envisager de sortir de certains contrats pourvu que cela soit juridiquement possible".

"Pour autant, la France représente 13% du chiffre d'affaires du groupe. Par ailleurs, la France est le seul pays où nous éprouvons ces difficultés. Au Royaume-Uni par exemple, où le secteur public représente plus de 50% du chiffre d'affaires, les clauses d'indexation sont nettement plus performantes grâce à une batterie d'indicateurs d'indexation plus sophistiqués et mieux corrélés aux évolutions réelles", a précisé le directeur financier.

Fidéliser est la clé

Alors que certains analystes avaient jugé les objectifs à l'horizon 2025 présentés en novembre trop ambitieux, Marc Rolland a souligné que l'enjeu principal pour le groupe était de conforter sa crédibilité en termes de fidélisation des clients.

"Nous avons démontré notre capacité à maîtriser l'inflation et à conquérir des marchés, nous devons maintenant prouver notre capacité à maintenir un taux de détention supérieur à 95% dans la durée et sur tous nos marchés et zones géographiques", a-t-il expliqué.

Au vu de la baisse du cours ce vendredi, le champion français de la restauration a encore du pain sur la planche...

-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: LBO

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January 06, 2023 06:22 ET (11:22 GMT)