Le départ de John Flint s'explique, selon une source, par des divergences de points de vue avec le président Mark Tucker sur le rythme de cette stratégie, notamment les réductions de coûts et les objectifs destinés à stimuler la croissance des bénéfices.

HSBC a annoncé ce départ lundi, en même temps qu'elle publiait ses résultats semestriels, lançait un programme de rachat d'actions pouvant atteindre un milliard de dollars (près de 900 millions d'euros) et livrait des prévisions moins ambitieuses.

La première banque européenne par la capitalisation boursière doit faire face à une série de défis, dont la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, les remous politiques à Hong Kong, les incertitudes liées au Brexit et un cycle d'assouplissement monétaire.

LE PRÉSIDENT SOUS PRESSION

Mark Tucker va désormais être sous pression pour démontrer aux investisseurs que la décision de remercier John Flint est justifiée dans ce contexte tourmenté.

"Même si les tensions avec (...) M. Tucker étaient connues, remercier le directeur général d'une entreprise de cette importance est toujours brutal, particulièrement dans le contexte d'un Brexit compliqué et d'une situation très complexe pour la banque en Chine", relève Pierre Mouton, gestionnaire de fonds chez Notz, Stucki & Cie, qui détient une petite participation dans la banque.

Trois dirigeants de HSBC ont déclaré à Reuters que John Flint payait le prix d'une approche trop prudente qui privilégiait le contrôle des coûts et l'investissement en Chine, aux dépens d'une stratégie plus ambitieuse aux Etats-Unis.

HSBC, qui réalise plus de 80% de son bénéfice en Asie, a indiqué que Noel Quinn, patron de sa division banque commerciale au niveau mondial, assurerait l'intérim à la direction générale.

L'action HSBC cotée à Londres, qui a perdu près de 14% depuis l'entrée en fonction de John Flint, abandonnait 3,25% à l'approche de la clôture à Londres, alors que l'indice du secteur bancaire européen cédait 2,23% au même moment. A la Bourse de Hong Kong, le titre a fini en repli de 1,15%, enchaînant sa neuvième séance de baisse.

La nomination de John Flint, qui avait dirigé les activités banque de détail et gestion de fortune de HSBC avant de prendre les rênes de la banque en février 2018, avait été la première décision majeure de Mark Tucker, premier président de l'établissement venu de l'extérieur.

Mark Tucker a indiqué lundi que le recrutement d'un nouveau directeur général, qui passerait par l'étude de candidatures internes comme externes, pourrait prendre jusqu'à un an.

Selon une source, l'un des points principaux points de divergence entre Mark Tucker et John Flint portait sur le plan de redressement de la division américaine de HSBC.

La banque n'a pas souhaité s'exprimer sur ce point.

HSBC va également supprimer 2% de ses effectifs, soit 4.000 emplois cette année, dans le but de réduire ses coûts, a annoncé le directeur financier Ewen Stevenson. La banque va consacrer une enveloppe de 650 à 700 millions de dollars à ce plan, qui concernera essentiellement des postes de cadres.

LA DIVISION US À LA PEINE

HSBC a également déclaré qu'elle n'atteindrait pas son objectif d'un rendement des fonds propres (ROE) de 6% d'ici 2020 aux Etats-Unis, où la banque ne parvient pas depuis des années à se développer et être compétitive.

Cet objectif de 6% aux Etats-Unis est inférieur à celui de 11% fixé pour l'ensemble du groupe à la même date.

En juillet, HSBC a nommé Michael Roberts, un ancien de Citigroup, à la tête de ses activités aux Etats-Unis, dans l'espoir de les redresser.

La division américaine ne "fournit pas les rendements appropriés", a déclaré Ewen Stevenson à Reuters, soulignant qu'elle avait aussi souffert du changement de cycle monétaire.

La banque d'investissement a également connu des difficultés ces dernières années avec le départ de plusieurs dirigeants quand ses concurrentes américaines tiraient profit de la hausse des marchés actions.

Le revenu de la division banque et marchés a reculé de 3% au premier semestre sur un an.

Le bénéfice imposable semestriel de HSBC a atteint 12,41 milliards de dollars, contre 10,71 milliards lors de la même période de 2018, porté par une envolée des revenus dans la banque de détail et en Asie.

(Benoit Van Overstraeten et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Matthieu Protard et Bertrand Boucey)

par Sumeet Chatterjee et Lawrence White