par Jörn Poltz
MUNICH, 8 décembre (Reuters) - Le procès du fondateur et
ancien président du directoire de Wirecard s'est ouvert ce jeudi
à Munich, deux ans après le spectaculaire effondrement du groupe
allemand de paiements électroniques, dans un scandale qui a
éclaboussé la sphère politique allemande et terni la réputation
financière du pays.
Markus Braun, 53 ans, en détention depuis son arrestation en
2020, dément tout détournement de fonds et se présente comme
victime de fraudes réalisées à son insu.
Il se retrouve sur le banc des accusés avec deux autres
anciens dirigeants de Wirecard: Stephan von Erffa, ancien chef
comptable de la fintech allemande et Oliver Bellenhaus, ancien
dirigeant d'une filiale du groupe à Dubaï, devenu un témoin clé
pour l'accusation après s'être rendu aux autorités allemandes en
2020.
Les trois hommes sont entre autres accusés de fraude et de
manipulation de marché et encourent des peines pouvant aller
jusqu'à 15 ans de prison s'ils sont reconnus coupables.
Un quatrième suspect, Jan Marsalek, ancien bras droit de
Markus Braun soupçonné d'être au coeur de cette fraude présumée,
est quant à lui en cavale depuis 2020 et fait l'objet d'un
mandat de recherche international.
Le procès, qui se déroule dans une nouvelle salle
d'audience, la plus grande de Munich - une salle souterraine
sécurisée dans l'enceinte de la prison de Stadelheim - doit se
tenir au moins jusqu'en 2024.
Fondé en 1999 et basé à Aschheim, dans la banlieue de la
capitale bavaroise, Wirecard a progressé jusqu'à intégrer en
2018 l'indice phare de la Bourse de Francort, le Dax.
Sa capitalisation a dépassé plus de 23 milliards d'euros à
un certain stade, avant que le groupe ne dépose le bilan en juin
2020, dans le sillage de la découverte d'un trou de 1,9 milliard
d'euros dans ses comptes, laissant ses créanciers face à une
dette de près de quatre milliards d'euros.
Cet effondrement a mis dans l'embarras des dirigeants
politiques - dont l'ancienne chancelière Angela Merkel et son
ministre des Finances de l'époque Olaf Scholz, qui lui a depuis
succédé à la chancellerie - qui avaient affiché leur soutien à
l'égard du groupe alors qu'il envisageait une acquisition en
Chine, notamment.
Les autorités de régulation allemandes ont également subi le
contrecoup de cette affaire, à la suite de laquelle le patron de
la BaFin, le gendarme boursier allemand, a démissionné.
(Reportage Matthias Williams, version française Myriam Rivet,
édité par Blandine Hénault)