Le titre coté à Francfort perd près de 70% à 90 centimes d'euro vers 12h40 GMT, de loin la plus forte baisse du Stoxx 600 en Europe, répliquant sa chute à la Bourse de Johannesburg.

Le géant de l'ameublement, propriétaire de Conforama en France, a annoncé mardi soir la démission, avec effet immédiat, dU directeur général Markus Jooste, après la découverte d'irrégularités comptables qui l'ont poussé à demander au cabinet PwC de mener une "enquête indépendante".

"Le conseil de surveillance de Steinhoff veut informer les actionnaires que de nouvelles informations sont apparues aujourd'hui, relatives à des irrégularités comptables qui exigent l'ouverture d'une enquête", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le groupe sud-africain a également retardé la publication de ses résultats qui était prévue mercredi, ainsi que la séance de questions-réponses qui devait l'accompagner sur internet.

Le président du conseil de surveillance et premier actionnaire du groupe, le milliardaire Christo Wiese, assurera l'intérim à la direction générale.

Sous la houlette de Markus Jooste, qui dirigeait le groupe depuis près de 20 ans, le modeste fabricant de meubles sud-africain est devenu l'un des plus grands distributeurs d'ameublement au monde.

Le groupe, également propriétaire de Poundland au Royaume-Uni, de Mattress Frim aux Etats-Unis et de Fantastic en Australie, a transféré en 2015 sa cotation principale à Francfort pour souligner son internationalisation.

Steinhoff a indiqué que Christo Wiese "entreprendrait une revue détaillée de tous les aspects des activités du groupe afin d'optimiser la création de valeur pour l'actionnaire".

L'ENQUÊTE SE POURSUIT EN ALLEMAGNE

Le parquet d'Oldenburg, une ville du nord de l'Allemagne proche du siège social de Steinhoff, enquête également depuis 2015 sur l'entreprise, qu'il soupçonne d'irrégularités comptables.

Il a indiqué mercredi ne pas être en mesure de dire quand il pourra clore ses investigations, en raison de leur ampleur.

Reuters avait rapporté le mois dernier que le groupe n'avait pas signalé aux investisseurs des transactions de près d'un milliard de dollars (847 millions d'euros), enfreignant ainsi, selon certains experts, la réglementation en vigueur.

On ignore dans l'immédiat à quelles irrégularités l'entreprise fait référence dans son communiqué. Un porte-parole s'est refusé à tout commentaire et Markus Jooste n'était pas joignable dans l'immédiat.

Le directeur général de la filiale Steinhoff African Retail (STAR), qui contrôle la chaîne de supermarchés Shoprite, a également démissionné mercredi.

"Au vu des derniers développements chez Steinhoff, le directeur général de STAR Ben la Grange a décidé de quitter ses fonctions", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le titre Star chutait de près de 38% à la Bourse de Johannesburg.

WIESE POURRAIT ÊTRE SUR LA SELLETTE

Les analystes se demandent depuis longtemps comment Steinhoff opère pour parvenir à un taux d'imposition si bas. Celui-ci s'est établi en moyenne à 12% au cours des cinq dernières années, soit la moitié du plafond des taux d'imposition sur ses principaux marchés et moins de la moitié de celui acquitté par ses concurrents cotés comme le français Casino, l'allemand Metro AG et le sud-africain Woolworths.

Des experts estiment que des taux si faibles sont le résultat de structures d'entreprise complexes qui jouent sur des règles comptables, des arrangements jugés parfois illégaux par les tribunaux.

"La compagnie a enregistré un taux d'imposition très inhabituel, d'environ 15%,et a également indiqué qu'il serait maintenu à l'avenir", écrit dans une note Jürgen Kolb, analyste chez Kepler Cheuvreux, ajoutant que si ce taux d'imposition était menacé, cela pourrait affecter la trésorerie de Steinhoff.

L'analyste note également que le rôle de Christo Wiese en tant que président pourrait également être examiné de près.

Certains investisseurs s'inquiètent également du fait que Christo Wiese pourrait être contraint de vendre les actions qu'il a acquises en septembre 2016 via un emprunt de 1,6 milliard d'euros. Il a engagé les 3,2 milliards d'euros de sa holding pour garantir ce prêt.

Face au plongeon du titre, les banques - Citi, Goldman, HSBC et Nomura - pourraient exiger de lui qu'il apporte davantage d'actions en collatéral ou vende une part de sa holding.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)

par TJ Strydom