Masayoshi Son, 53 ans, né au Japon de parents coréens, a étudié à la prestigieuse université de Berkeley, où il inventa, à 19 ans, un petit traducteur de poche qu’il réussit à vendre à Sharp. C’est le début d’une success story fulgurante, qui l’aura vu investir dans des consoles de jeux, importer des logiciels américains, attaquer le géant des télécoms NTT, pour finalement créer Softbank, troisième opérateur mobile du Japon.

Mais il ne s’agit pas ici de décrypter sa réussite dans le petit monde des télécoms. Bouleversé par la catastrophe de Fukushima, en mars dernier, notre baron est devenu en 6 mois le plus féroce détracteur du nucléaire et un fervent défenseur des énergies renouvelables. Il a d’abord fait un chèque de 10 milliards de yen (96 millions d’euros) pour venir en aide aux victimes. Il a ensuite financé et lancé sa fondation de promotion des énergies renouvelables.

Réclamant un arrêt rapide des centrales nucléaires les plus âgées, Masayoshi Son soutient la construction d’éoliennes et de fermes solaires, aptes selon lui à générer 100 millions de mégawatts à l’horizon 2020. « Bien sûr, cette électricité coûtera 8% ou 10% plus cher, mais qu’est-ce que cela pèse au regard des vies humaines ? », confie-t-il, se réjouissant qu’une grande majorité des préfectures de l’Archipel soutiennent son initiative.

La lutte s’annonce pourtant difficile, dans un pays où le lobby nucléaire est encore tout puissant. Illustration de cette hégémonie, les producteurs d’énergie renouvelable ne peuvent toujours pas vendre leur électricité sur le réseau contrôlé par les électriciens du pays. « C’est mon prochain combat, s’emballe le milliardaire japonais. Il faut que nous obtenions un découplage de la production et de la distribution d’électricité dans le pays ».

Aujourd’hui, seules 9 des 54 tranches des réacteurs du pays produisent encore du courant sur le territoire nippon. Travaux de maintenance et inspections de sûreté rythment désormais la vie des installations nucléaires du pays, ce qui ne veut pas dire que les industriels aient désarmé et renoncé à l’atome. Mais ils ne parviendront manifestement pas à calmer les ardeurs de Masayoshi Son. « Ma mission est de créer un monde meilleur. Je dois au moins ça à la société japonaise », a-t-il lancé.