Cette opération, qui avait été dévoilée par des sources à la fin de la semaine dernière, sera la plus importante acquisition réalisée par une entreprise japonaise à l'étranger.

Avec ce rachat, Softbank prend pied sur le marché de la téléphonie mobile aux Etats-Unis alors que son potentiel de croissance est désormais limité au Japon.

Fort du soutien de Softbank, Sprint Nextel devrait être en mesure d'installer de manière plus efficace son réseau 4G, pour mieux affronter AT&T et Verizon sur le marché de la téléphonie mobile aux Etats-Unis.

Les analystes financiers sont depuis longtemps d'avis que le marché de la téléphonie mobile aux Etats-Unis est mûr pour une phase de consolidation, comme en témoignent la tentative ratée, fin 2011, d'AT&T de mettre la main sur T-Mobile USA ou encore le projet de rapprochement récemment annoncé entre la filiale américaine de Deutsche Telekom et MetroPCS.

Peu d'experts avaient toutefois parié sur l'irruption de Softbank aux Etats-Unis. En tout cas, les investisseurs sont d'avis que le groupe japonais va peut-être payer un prix trop fort pour s'emparer de Sprint, à en croire la chute de plus de 21% du titre Softbank lors des deux séances boursières qui ont suivi la confirmation, jeudi, de discussions avec Softbank.

Masayoshi Son, fondateur et directeur général de Softbank, réputé pour son goût du risque, a admis que l'opération Sprint n'était pas dénuée de difficultés, tout en disant que sa société devait sortir d'un "Japon vieillissant".

MÊME SCÉNARIO QU'AVEC VODAFONE EN 2006

"Il y a toujours un risque lorsqu'on fait face à un défi important", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, notant que la nouvelle entité aurait un total combiné de quelque 96 millions d'utilisateurs.

"Nous devons entrer dans un nouveau marché, un marché doté d'une culture différente. Et nous devons recommencer à partir de zéro après tout ce que nous avons construit. Ne pas relever le défi aurait été un risque encore plus grand", a ajouté Masayoshi Son, le deuxième homme le plus riche du Japon selon Forbes.

Mizuho Financial Group, Sumitomo Mitsui Financial Group, Mitsubishi UFJ Financial Group et Deutsche Bank ont consenti à Softbank des prêts totalisant 1.650 milliards de yens (16,3 milliards d'euros) pour financer la transaction.

L'endettement net de Sprint, qui a perdu de l'argent au cours des 19 derniers trimestres, est de quelque 15 milliards de dollars et celui de Softbank d'environ 10 milliards, auxquels il faut ajouter les deux milliards que va débourser l'opérateur japonais pour son concurrent plus petit eAccess, opération annoncée juste avant celle concernant Sprint.

Vendredi, Standard & Poor's a placé la note "BBB" de Softbank sous surveillance avec implication négative en raison de l'impact de la transaction sur le profil de risque de l'entreprise.

"C'est la même réaction (de marché) que lorsque Softbank avait annoncé il y a quelques années le rachat de Vodafone. Tout le monde avait dit que le prix payé était beaucoup trop élevé", a déclaré Fumiyuki Nakanishi, directeur des investissements chez SMBC Friend Securities.

En 2006, Softbank, entreprise qui était au départ spécialisée dans la distribution de logiciels, avait repris la filiale japonaise de Vodafone pour 15,5 milliards de dollars, opération qui avait marqué l'entrée de la société dans le secteur de la téléphonie mobile.

"Son a construit une entreprise valant 3.000 milliards de yens et, maintenant, elle vaudra 6.000 milliards (...) Je crois que les investisseurs finiront par réaliser qu'il a fait le bon choix", a ajouté Fumiyuki Nakanishi.

Une fois Sprint en portefeuille, Softbank pourrait, selon des médias japonais, se lancer à l'assaut de MetroPCS.

Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Nadia Damouni et Taro Fuse